mardi 1 février 2011
Début de traitement
Le traitement du médicament, malade du Mediator, commence bien. La double décision, prise hier, de vite retirer du marché plusieurs spécialités pharmaceutiques et d'en placer plus de soixante-quinze sous surveillance renforcée témoigne d'une réelle volonté de remettre de l'ordre dans cette chaîne si tortueuse du médicament. Sous la pression du pouvoir politique et de l'opinion - l'une allant rarement sans l'autre -, voilà les autorités sanitaires enfin contraintes d'agir en amont du système avec une énergie qu'elles n'auraient jamais dû perdre. Priver des médicaments de leur autorisation de vente est certes difficile car cela fragilise les médecins qui les ont prescrits, les pharmaciens qui les ont délivrés, et les patients qui les ont consommés. Elle rend soudain suspecte une relation de confiance.
Retirer du marché un médicament, parfois utile à défaut d'être efficace, est un acte lourd mais nécessaire. C'est d'abord la conséquence du progrès de la science, qui identifie des risques médicamenteux avant méconnus. C'est aussi la rançon de l'innovation médicale, qui voit arriver des molécules plus efficaces. Comme les hommes qu'ils sauvent plus d'une fois, les médicaments doivent être mortels. Le cycle des médicaments impose que certains disparaissent pour qu'en apparaissent de nouveaux, plus innovants et mieux pris en charge. La volonté retrouvée de traiter le mal à la racine devrait maintenant s'étendre des médicaments dont les risques sont supérieurs aux bénéfices jusqu'à ceux sans efficacité. Quelle justification y a-t-il à les laisser sur le marché, en leur conservant leur statut de médicament ?
Une deuxième étape de santé publique serait, plus en aval du système, de repenser sérieusement le mode de fixation des prix, lequel tient trop compte de l'intérêt économique du fabricant, trop peu de l'intérêt médical du patient et de l'intérêt financier de la Sécurité sociale. La collectivité doit payer aux laboratoires le juste prix de la recherche ? Elle doit surtout rétribuer la vraie innovation. Or, dans le processus de fixation de ces prix, l'Etat ne partage vraiment ses prérogatives ni avec la Sécurité sociale ni avec les malades. A l'autre bout de la chaîne, enfin, celui du remboursement, une troisième étape du traitement devrait consister à doter l'assurance-maladie et les mutuelles de réels pouvoirs. La Caisse nationale d'assurance-maladie ne peut aujourd'hui ni dérembourser un produit qu'elle sait inefficace, ni mieux en prendre en charge un qu'elle jugerait très performant. L'affaire du Mediator a pourtant montré que, plutôt bien placée pour analyser, elle gagnerait à être plus souvent suivie dans ses recommandations.
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