jeudi 10 mars 2011
A qui profite le CAC ?
Les profits 2010 des plus grands groupes français ont de quoi impressionner. A près de 83 milliards d'euros au total, ils témoignent du dynamisme de nos champions, de leur capacité à s'adapter à la nouvelle donne. Deux ans après la faillite de Lehman, ils sont en passe de retrouver leur rentabilité d'avant-crise, voire l'ont déjà dépassé pour certains.
Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes globalisés si ne persistait le sentiment que la France dans son ensemble ne bénéficie pas suffisamment de la santé insolente de ses 40 plus grandes entreprises. Une chose est sûre, le contraste est saisissant entre le discours conquérant de ces leaders mondiaux et le pessimisme ambiant d'un pays en proie au doute face aux défis de l'après-crise.
Mais comment pourrait-il en être autrement ? Dans un monde où la croissance est d'abord hors de nos frontières, nos champions sont tournés vers l'international, qui représente d'ores et déjà les trois quarts de leur activité en moyenne et la plus grande part de leurs profits. Quant au grand large, il concentre désormais l'essentiel de leurs investissements. Alors, bien sûr, on peut reprocher aux patrons du CAC de se désengager du site France. De ne pas assez contribuer à la croissance du pays ou à la réduction du chômage en y localisant une part plus importante de leur production. Et surtout de se comporter avec les PME hexagonales en donneurs d'ordre inflexibles plutôt qu'en partenaires de long terme, susceptibles de faire émerger un écosystème. C'est-à-dire de ne pas s'inspirer assez de leurs homologues allemands.
De là à leur faire un procès en désertion, il n'y a qu'un pas qu'on aurait tort de franchir. D'abord parce que le CAC 40, c'est près de 1,7 million de salariés en France, soit 10 % de l'emploi privé du pays environ. Des salariés en prise directe avec cette prospérité à travers des rémunérations plus généreuses qu'ailleurs. Ensuite, parce que, quoi qu'on en dise, disposer de groupes mondiaux battant pavillon français est un atout important. La nationalité du siège social impose des devoirs sans lequel un certain nombre d'usines et de centres de recherche auraient été délocalisés depuis longtemps.
Cela ne signifie pas qu'il faut exonérer les groupes du CAC 40 de toute obligation vis-à-vis du pays. Mais plutôt qu'il faut s'interroger sur le moyen de préserver cette spécificité française et sur les mesures à prendre pour élargir ce club restreint à plus de 40 valeurs.
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