L’hyperactif Manuel Valls finira-t-il dévoré par le hollandisme émollient ? Déjà corseté par une feuille de route stricte, placé sous haute surveillance par Bruxelles, le nouveau Premier ministre se retrouve à la tête d’un gouvernement qui fleure bon la cuisine élyséenne. Une dose de revival mitterrandien avec un gouvernement « resserré » de 16 ministres, 16 comme à l’époque de Pierre Mauroy après le tournant de la rigueur. Un zeste d’esprit de congrès avec cet art consommé de la synthèse entre courants du PS, d’équilibrisme entre soutiens de l’Elysée et de Matignon. Un doigt de nouveauté pour assurer aux Français que « le message a été entendu » via l’entrée de deux éléphants en gage de professionnalisme et la promotion de deux hussards de l’aile gauche à l’adresse des classes populaire. Quelle tambouille !
Du classique, diront les vieux briscards de la Ve République. Mais si au même titre que le choix du Premier ministre, le casting gouvernemental est un signal, comment ne pas s’interroger sur cette « nouvelle étape » et ses priorités quand tant d’experts voient la France au bord de l’abîme ? La bataille de l’emploi : reléguée au huitième rang protocolaire. Le redressement des finances publiques : confié à un troisième ministre en moins de deux ans. La cohésion de Bercy : à la merci d’une cohabitation interne délicate. La modernisation du millefeuille administratif : laissée en jachère. Pour le combat contre le chômage, la croissance molle et l’angoisse sociale, les symboles de mobilisation sont ténus. Au fond, le départ bienvenu des ministres écologistes constitue le seul choc. De quoi simplifier - un peu - la tâche d’un exécutif bien mal né.