Des nations européennes de traditions diverses – du modèle intégrateur de la République française au modèle pluriculturel assumé par la Grande-Bretagne – semblent aboutir au même constat : il devient complexe, dans des pays accueillant des migrants venus des quatre coins du monde, de proposer aux citoyens une identité rassembleuse, des valeurs communes. Est-ce d’avoir négligé les racines de l’Europe – d’où l’insistance sur son ancrage judéo- chrétien ? Est-ce de s’être noyé dans une mondialisation qui abolit les frontières et déstabilise les plus fragiles, tentés de se replier sur leur environnement le plus proche ? Est-ce la présence durable de l’islam, perçu (vision entretenue par les violences du terrorisme islamiste) comme refusant l’Occident et ses modes de vie ? Tout cela à la fois, sans doute. Le paradoxe est que, dans les faits (hormis certains quartiers ghettos, cumulant les difficultés sociales, qui enferment leurs habitants dans leur communauté d’origine), les échanges et les brassages n’ont jamais été aussi nombreux. Et, si l’on en croit les événements récents, beaucoup, ailleurs, aspirent à vivre dans une démocratie laïque… à l’occidentale.
Si l’on doit vraiement aborder cette réflexion sur le multiculturalisme dans une société laïque, qu’elle ne se limite pas à la seule question des cultes et ne cible pas une seule communauté, en s’engouffrant derrière le Front national. Qu’elle soit menée, donc, non pas en posture de défense, mais positivement : pour élaborer de meilleures conditions du vivre-ensemble, sans reniement de ce que chacun est profondément, dans le respect de la dignité des personnes, de la liberté – y compris la liberté de vivre sa foi –, de l’égalité. Et, rêvons, de la fraternité.
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