Alors que le débat agite la majorité, François Bayrou, Jean-Louis Borloo et Hervé Morin ne parviennent pas à s'imposer. Le centre-droit se cherche une identité.
On ne les voit plus. On ne les entend plus. Depuis plusieurs semaines, Jean-Louis Borloo, Hervé Morin et même François Bayrou se distinguent par une grande discrétion, accrue par le duel supposé à venir entre Nicolas Sarkozy et Dominique Strauss Kahn. « Nous avons pris le parti de travailler sur le terrain avant de faire un numéro de claquettes dans les médias », justifie le vice-président du Nouveau Centre Jean-Marie Cavada. En plein feuilleton « MAM », François Bayrou a, certes, réitéré mercredi sur France 2 « l'urgence » de rétablir en France « une vie politique saine » et raillé, une fois de plus, Nicolas Sarkozy qui, selon lui, « sacrifie au rite de la mise en valeur de l'argent ».
Sûr d'une future et unique candidature au centre -la sienne -, le leader du Modem prend même le temps d'une semaine de déplacement en Inde aux côtés de Marielle de Sarnez et de la sénatrice Jacqueline Gourault. Au Nouveau Centre, Hervé Morin, à la peine depuis son départ du gouvernement, s'envole ce soir pour cinq jours en Israël et dans les Territoires palestiniens. S'il rencontrera le président Simon Peres, cherchant ainsi à consolider une stature de présidentiable, l'ancien ministre a du mal, « même au sein du parti, à faire le poids », grince-t-on en interne. Parviendra-t-il à émerger au sein de la Confédération des centres (Alliance centriste, Parti radical, Nouveau Centre, Gauche moderne) qui se met en place depuis mardi ? Des réunions bimensuelles doivent permettre de finaliser, jusqu'au printemps, sa charte de valeurs et le projet présidentiel. « Ils parlent de leur confédération, mais ils restent chacun dans leur coin. On ne les entend pas, ils sont absents du débat public et sont absorbés par leurs problèmes internes », attaque Yann Wehrling, porte-parole du Modem.
Scepticisme et dissensions
Le Parti radical, toujours adossé à l'UMP, communique peu, en effet, laissant même en jachère son site Internet. « Jean-Louis Borloo ne manifeste pas une volonté effrénée d'y aller, commente-on chez les proches de François Bayrou. Et Hervé Morin n'a pas l'envergure que pourrait avoir Borloo. » Jean-Marie Bockel, le président de Gauche moderne, pourrait devenir « le gauchiste de la bande », s'amuse un proche. Un « gauchiste » en panne de visibilité depuis son départ de la Chancellerie. « Il faut oser nous différencier, ne pas avoir peur d'agacer ni de fâcher, confie Jean-Marie Bockel. C'est à nous de ne pas être velléitaires »... et divisés, si l'on en juge par le scepticisme affiché par le chef de file de l'Alliance centriste, Jean Arthuis, peu enclin à intégrer la Gauche moderne dans une structure ancrée à droite. Pas sûr, au vu des dissensions, que la petite musique centriste donne le « la » du débat à venir.
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