TOUT EST DIT

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vendredi 18 février 2011

Raison de campagne


Le salon de l'agriculture, image et communication obligent, vantera la qualité et la réputation des produits de nos terroirs. Il portera aussi au firmament des étoiles, la désormais « unescoïsée » gastronomie de nos chefs médiatiques. Il en faut, nul ne le conteste. Et même s'ils sont souvent hors de la vraie vie des vrais gens avec leurs menus à deux cents euros, ils font partie des couleurs de notre drapeau culturel. Nous en sommes fiers et leurs prix sont, à deux ou trois grincheux près, en rapport avec leur talent. Mais le grand rendez-vous annuel des campagnes devra veiller à ne pas se suffire de l'air du temps de la bonne bouffe, cette écume de la réalité qui masque les enjeux de la sécurité alimentaire.


Les révoltes de la faim secouent le monde arabe. Les protestataires de ces dernières semaines demandent la démocratie, la liberté d'expression et surtout le pain quotidien. Pendant ce temps, sur la rive gauche du métro parisien, on colle des affiches choquantes qui associent les épis de maïs aux suicides des paysans. On peut vouloir un débat sur la qualité de vie, on peut militer pour la remise en cause ses excès de la consommation et prôner un retour équilibré aux valeurs de la nature sans pour autant être sur une autre planète.


Ce n'est pas facebook, twitter et la toile qui, seuls, propagent la révolution en Tunisie, en Égypte, au Yémen, à Bahrein, en Libye... C'est la rareté des denrées alimentaires de base qui fait monter les prix et fait les agriculteurs vivriers des régions misérables. Ne perdons pas la notion des choses, le dénigrement ne peut que couper le fil du dialogue et de l'indispensable vivre ensemble.


L'agriculture n'a pas attendu les théories rétrogrades de la décroissance pour se remettre en cause et choisir le progrès technique et scientifique pour améliorer la qualité de ses productions. Elle vit en prise directe avec le monde et la dérégulation meurtrière des marchés, pas avec les faux symboles et les affiches qui stigmatisent jusqu'à la vulgarité. A-t-on déjà oublié, chez ceux qui peuvent se payer de la nourriture haut de gamme, que c'est l'immolation d'un marchand de quatre saisons qui a provoqué le tsunami de liberté qui sous nos yeux balayent les dictateurs ?

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