TOUT EST DIT

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vendredi 18 février 2011

G20 : le marathon commence

C'est une anecdote inédite qui en dit long. Il y a quelques mois, trois grands banquiers européens discutent en aparté à New York avec Lloyd Blankfein. « La régulation financière du Dodd-Frank Act va changer les comportements. Franchement, c'est plutôt un bien », plaide ardemment l'un d'entre eux. Sourire du patron de Goldman Sachs. « Vous croyez ? Cette loi est aussi épaisse que la Bible. Dans un cas comme dans l'autre, tout est question d'interprétation. » Avant d'ajouter, pince-sans-rire : « Ce sera plus compliqué, c'est vrai, avec la loi dont vous parlez puisque ses auteurs sont encore vivants. »

De toute évidence, l'opinion aura du mal à être convaincue que le ballet des limousines qui, ce soir et demain, sillonneront Paris à l'occasion de la réunion des ministres des Finances du G20 sera d'une quelconque utilité face à ce cynisme assumé d'un des acteurs financiers les plus puissants de la planète. Elle le sera encore moins quand elle constatera à la fin du week-end que ces grands argentiers ont consacré une partie de leur temps à élaborer une liste d'indicateurs reflétant les déséquilibres économiques.

S'arrêter à ce seul décalque de deux images est tentant. Mais c'est aussi tomber dans le piège d'un autre cynisme, celui des échecs toujours annoncés, des verres éternellement vides ou du « résultat spectaculaire sinon rien ». Car ces quelques heures de réunion ont leur utilité et il est bien trop tôt pour dire comment se terminera cette année de G20 français. C'est seulement au sommet des chefs d'Etat à Cannes, en novembre, que les comptes définitifs seront faits. Tout juste peut-on dire que la tâche de Nicolas Sarkozy et de Christine Lagarde s'annonce compliquée. Les déséquilibres sont toujours aussi importants et chaque pays a sa ligne rouge. Les Allemands tiennent à leurs excédents commerciaux, les Américains à leur autonomie réglementaire, les Brésiliens à leur liberté sur les prix agricoles et les Chinois à celle de déterminer le niveau de leur monnaie.... Lequel reconnaîtra que le bénéfice de tous et l'intérêt général imposent parfois des concessions réciproques ? C'est la principale recommandation du document publié récemment par une vingtaine d'anciens ministres des Finances et très hauts fonctionnaires internationaux de tous les continents (1). Elle est toute simple, sans doute trop !

En attendant, ici, chacun l'a compris, une autre image éclipsera les travaux ardus de ce G20 : celle d'un patron du FMI qui n'est d'ordinaire dans ce genre de cénacle qu'un très haut fonctionnaire mais vers qui tous les regards français vont converger.

(1) « Initiative du Palais-Royal »

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