TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 18 février 2011

L'endettement public excessif est-il un véritable argument contre le relèvement des taux d'intérêts ?

Nombres d'analystes financiers à travers le monde pensent que le surendettement public des pays industrialisés interdit toute hausse des taux d'intérêts.

Dans l'Union européenne, 24 pays membres font tous leurs efforts pour réduire les déficits budgétaires. La hausse d'intérêt pourrait être particulièrement dangereuse pour les pays périphériques très endettés. Elle créera une lourde charge qui, venant s'ajouter à celle déjà existante des coupes budgétaires, ne ferait qu'empirer la situation, pour mener finalement au désastre économique.

En outre, les établissements de crédit de l'UE ne pourront supporter que difficilement des taux plus hauts. Dans le pays le plus endetté du monde, les Etats-Unis, une hausse des taux (Fed Funds Rate) pourrait rapidement étouffer tout espoir d'une reprise économique. Au Japon, la Banque du Japon maintient ses taux d'intérêt directeur à 0% depuis 20 ans, mais comme le ratio dette publique/PIB est extrêmement élevé, le ralentissement économique perdure.

Par exemple, la banque d'investissement Morgan Stanley pense que, par égard à la stabilité financière des marchés, les banques centrales hésiteront avant de commencer à relever les taux d'intérêt. Que la reprise économique n'est pas encore assez forte et que le risque d'inflation est minime par rapport à celui d'une nouvelle récession. Et que l'incertitude est telle que les banques centrales garderont une attitude neutre.

Par contre, les marchés financiers ont reconnu depuis longtemps le danger d'inflation qui se profile. En particulier, les marchés obligataires sont très sensibles à la moindre menace concernant la stabilité des prix.

"Le Break-even Inflation Rate" qui mesure l'écart entre les rendements des obligations souveraines et celui des mêmes obligations indexées sur l'inflation s'est accru depuis septembre 2010, et montre maintenant, que les marchés anticipent une inflation annuelle de 1,5% sur les cinq prochaines années. A moyen terme, cette anticipation sera très probablement revue à la hausse.

Le prix des gilts britanniques a récemment chuté plus vite que les Bunds ou les bons du Trésor parce qu'avec un taux d'inflation à 4,0%, le Royaume-Uni a largement dépassé l'objectif de sa banque centrale (2%).

Dans la zone euro, la BCE a durci le ton suite à la publication du dernier taux d'inflation à 2,4% (alors que l'objectif était légèrement en dessous de 2%). La banque souligne qu'elle est prête à relever ses taux d'intérêts à n'importe quel moment, si elle constate l'apparition d'un effet de second tour ou que le processus inflationniste prend de la vitesse en s'auto-renforçant lui-même.

Aux Etats-Unis, les prix à la consommation, hors énergie et produits alimentaires (core rate) n'augmentent que de 0,8%. Mais ce taux, en tant que mesure exacte de l'inflation, a été fortement contesté. En effet, quels sont ces consommateurs qui se passent, dans le quotidien, d'énergie et produits alimentaires ? Où sont ces Américains qui ne mangent et ne boivent jamais, ne conduisent jamais de voitures, ne chauffent ou ne refroidissent jamais leurs maisons ?

Si l'on devait calculer le prix à la consommation selon la méthode qui a été appliqué jusqu'en 1983, l'inflation serait de 8,7% (Source: Shadow Government Statistics). Et si on calcule l'US-IPC d'après la méthode de l'IPCH employée par Eurostat, il manque environ deux points de pourcentage.

Conclusion : malgré les problèmes de surendettement public, les marchés financiers observeront de très près l'évolution des taux d'inflation et compteront sur des relèvements de taux d'intérêt par les banques centrales.

Dr. Eberhardt Unger est un économiste indépendant, fort de plus de 30 ans d'expérience des marchés et de l'économie. Vous pouvez retrouver ses analyses sur le site www.fairesearch.de

0 commentaires: