vendredi 18 février 2011
Du bon usage des bons profits
Une fois n'est pas coutume, la Bourse de Paris fait la fête en ce début d'année. Elle ne célèbre pas son mariage forcé avec son homologue allemande, mais les superbes résultats de ses figures de proue. Les valeureux du CAC 40 affichent une santé de fer. Tant sur le plan de la croissance que des bénéfices. Ceux de Capgemini ont bondi de plus de 50 %, ceux de Schneider de 100 % et ceux d'ArcelorMittal ont été multipliés par 18 !
On savait les géants français suffisamment voyageurs pour avoir su prendre à temps la vague émergente. Ce qui est plus étonnant, s'agissant de nos grands industriels, c'est que cette croissance exotique, située dans des pays à revenus souvent modestes était aussi source de grands profits. Les résultats de ces jours derniers confirment en effet l'amélioration spectaculaire des marges des entreprises.
Schneider, par exemple, qui réalise près de 40 % de ses ventes dans les pays émergents, Chine en tête, a aussi vu sa marge opérationnelle passer de 13 % en 2009 à plus de 15 % en 2010. La plupart sont dans cette configuration. La crise a accéléré le basculement vers ces nouveaux eldorados.
On doit évidemment se réjouir du dynamisme des champions français, qui accumulent les succès internationaux et dont au moins la moitié sont sur le podium mondial de leur spécialité. Une exception en Europe. Ils sont les porte-avions de l'économie française. Ils devraient l'être en tout cas. Le sont-ils ? Leur réussite est-elle aussi celle de la France, en termes de richesses, d'emplois ou même de bien-être ? C'est moins sûr. Capgemini a augmenté l'an dernier ses effectifs de 18.000 personnes dans le monde, dont 10.000 en Asie et... 245 en France.
Que fait une entreprise de ses bénéfices ? Elle les investit, dans son outil ou en acquisitions, elle les distribue à ses salariés ou les rend aux actionnaires, sous forme de dividende ou de rachat d'actions. Arbitrage délicat dont s'est même un jour ému notre président de la République.
Emettons un souhait : que cet argent, gagné à l'étranger et peu imposé, profite aussi aux salariés, aux clients et aux fournisseurs français. Faute de quoi, le fossé qui se creuse aujourd'hui entre les entreprises et les citoyens, entre les grands groupes et les PME et entre les salariés et leurs dirigeants deviendra infranchissable et fera passer les entreprises apatrides directement du printemps des émergents à l'hiver de la concurrence mondialisée.
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