"C'est un sujet qui fait l'objet d'un débat intense en ce moment et ce sera le cas au cours des prochains jours, parce que certains pays ne veulent pas être identifiables comme menant telle ou telle politique", a-t-elle déclaré lors d'une conférence organisée par l'Institute of International Finance (IIF), une fédération d'institutions financières. "Nous aurons déjà accompli un grand pas en avant si nous parvenons à un accord de principe (...) sur les éléments qui nous permettent de mesurer les déséquilibres", a-t-elle ajouté.
Divergences
Une source proche des discussions a fait état de divergences, lors d'une réunion préparatoire des représentants des ministres des Finances et de hauts responsables, sur le recours à des indicateurs des balances des paiements, des balances commerciales, des taux de change réels et des réserves de change. Dans un rapport rédigé pour le G20, le FMI, dont le directeur général Dominique Strauss-Kahn sera présent à Paris, estime qu'une reprise mondiale à deux vitesses est déjà en cours. Il évoque une montée des risques de ralentissement dans les pays avancés et celle d'une menace de surchauffe dans les pays émergents. Un scénario de divergence que le processus de réduction de déséquilibres lancé au sein du G20 est justement censé éviter. Plusieurs délégués du G20 ont déclaré que l'objectif affiché par Christine Lagarde de parvenir dès cette semaine à un accord sur une liste initiale d'indicateurs de mesure des déséquilibres semblait irréaliste.
La présidence française a proposé d'inclure dans cette liste le déficit courant, le taux de change réel et les réserves de change, a expliqué la source à la réunion préparatoire. La Chine et de l'Allemagne, les deux premiers exportateurs mondiaux, sont réticents à l'idée de se voir reprocher des excédents trop importants, ont dit des délégués. "Je ne pense pas que l'on puisse parvenir à des critères de référence d'ici avril", a déclaré un délégué d'un pays émergent. "Je pense que la réunion ministérielle d'octobre serait une échéance plus réaliste mais le communiqué de Paris mentionnera peut-être cette idée."
Le cas du yuan
Lors du sommet des chefs d'État et de gouvernement du G20 à Séoul en novembre, le G20 avait demandé aux ministres et aux banquiers centraux de travailler "au premier semestre 2011" à une liste de "lignes directrices indicatives" susceptible de permettre un consensus. Un bilan mitigé de la réunion de cette semaine à Paris ne serait donc pas à proprement parler un échec. Mais il mettrait en évidence la difficulté à rapprocher les Vingt sur ce qu'ils présentent comme le préalable nécessaire aux remèdes censés réduire les déséquilibres et prévenir de nouvelles crises. Ce dossier est l'une des priorités de la présidence française avec la lutte contre la volatilité des matières premières, le financement du développement, la gouvernance des organisations internationales et la réforme du système monétaire international (SMI).
Et sur ce dernier point aussi, la réunion de Paris risque de mettre en évidence la persistance de fortes frictions. Christine Lagarde a ainsi plaidé jeudi sur France Info pour que le yuan, la monnaie chinoise, "ne soit pas aussi administrée qu'elle l'est actuellement et qu'elle soit elle aussi une monnaie internationale, convertible et flottante comme le sont la plupart des monnaies des pays développés". Une évolution que Pékin dit régulièrement vouloir mener au rythme et selon les modalités de son choix. Les pays représentés à Paris vendredi et samedi représentent au total 85 % de l'activité économique mondiale, 81 % des exportations et plus des deux tiers de la population de la planète.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire