vendredi 18 février 2011
Le vent de la jeunesse
La colère de la jeunesse déferle sur le monde arabe et l’Iran comme un immense coup de sirocco. Après avoir soufflé sur la Tunisie et l’Égypte, ce vent de révolte a secoué l’Algérie, avant de s’étendre de la Libye verrouillée, au Yémen secoué par les tribus et Al-Qaïda et au riche émirat de Bahrein.
Cette vague de mécontentement a surpris les régimes en place, quelle que soit leur idéologie, libérale ou islamo-marxisante. L’autocrate Khadafi ou le roi de Bahrein n’ont rien vu venir, tout comme le président yéménite et, avant eux Ben Ali et Moubarak. Leurs alliés occidentaux ont été tout autant surpris. Habitués à traiter avec ces régimes, nos diplomates comme nos services de renseignements n’ont pas davantage pris en compte les deux éléments moteurs de ce printemps arabe : la jeunesse et les nouveaux médias.
De la Casbah d’Alger au royaume des perles du golfe Persique, la jeunesse étouffe. Privés d’emplois, de logements et d’avenir, ces jeunes peuvent mieux mesurer que leurs parents ce qui les sépare des pays démocratiques et riches.
A l’heure d’internet et du portable, les vieux instruments de censure sont dérisoires. Facebook est autrement plus efficace que les médias officiels, plus proches de l’ère de Marx que de celle de Bill Gates.
On peut interdire les caméras, pas les portables. Les images tremblotantes qui témoignent de la colère qui submerge Benghazi témoignent que la révolution numérique est bien plus dangereuse pour Bouteflika ou un roi du pétrole que les islamistes. Les régimes malmenés ont recours aux seules méthodes qu’ils connaissent : les chars et la désinformation. Pourtant, en Tunisie comme en Égypte, le désespoir a été plus fort que la peur et les discours lénifiants.
Des dizaines de millions de jeunes secouent des régimes usés, nés dans les vagues d’une décolonisation ratée. En 1989, les jeunes Européens de l’Est avaient sonné la fin de l’après-guerre. Aujourd’hui, les jeunes Arabes veulent prouver au monde qu’ils préfèrent le parfum de la liberté aux odeurs de régimes en voie de décomposition. Conjuguant révolution numérique et espoir, ils ressemblent à tous les jeunes qui rêvent d’un autre monde.
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