mercredi 2 février 2011
Puissance et prudence américaines
Le discours de Hosni Moubarak, hier soir, est pathétique. Le dictateur égyptien cherche une sortie moins déshonorante que celle de Ben Ali en Tunisie. Il veut durer jusqu’en septembre, en promettant qu’il ne se représentera pas à la présidentielle. Mais il n’a rien compris à l’état d’esprit de son peuple, et il ne gagnera, au mieux, que quelques jours. Car il ne dirige plus rien. En refusant de tirer sur la foule, l’armée lui a enlevé toute illusion de pouvoir. La question n’est plus : partira ou partira pas ? Elle est désormais : quand partira-t-il ? Comment ? Et pour aller où ?
Ses alliés américains l’ont lâché avec un grand savoir faire… pas seulement diplomatique. Quand la crise a éclaté, le chef d’état-major égyptien était en visite à Washington. Il a eu tout loisir de s’entretenir avec ses homologues américains avant de revenir au pays. Les deux armées entretiennent des relations étroites depuis le renversement d’alliance qui a vu l’Égypte de Sadate choisir la protection et le matériel américain en lieu et place du bouclier soviétique. Sans les États-Unis, l’armée égyptienne ne serait pas l’une des mieux équipées de la région. Elle suit les conseils… de ses bienfaiteurs.
Pour les Occidentaux, mais aussi pour les laïcs et les modérés en Égypte, il s’agit maintenant de veiller à ce que la révolution ne verse pas dans l’extrémisme religieux, ou dans le revanchisme anti-israélien. L’effigie de Moubarak a été pendue sur la place publique, hier, avec l’étoile de David accrochée autour du cou… Les Américains et les Israéliens craignent plus que tout une explosion. Si Moubarak n’a rien compris à son peuple, il joue avec une certaine habileté, en revanche, sur la prudence US. Jusqu’à quand la foule le laissera-t-elle faire ?
On remarquera que la diplomatie européenne ne tient aucune place dans cette crise. Catherine Ashton est aussi inexistante qu’Hillary Clinton est omniprésente. Et que dire de l’Union pour la Méditerranée, inventée par Nicolas Sarkozy ? La guerre israélienne à Gaza l’a mise en veilleuse six mois à peine après sa création, et son secrétaire général jordanien a démissionné la semaine dernière. Sur le plan international, il vaut mieux disposer de la puissance économique et militaire américaine que d’un gadget politique.
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