mercredi 2 février 2011
Égypte, la loi du nombre
Hosni Moubarak n’en revient pas, un monde s’écroule sous ses yeux. Il arbore la même mine hébétée que Ben Ali à la mi-janvier. La tête de l’autocrate, régnant par la peur, et qui s’aperçoit soudain que la peur a disparu… Ce pays qu’il tenait d’une main de fer lui glisse entre les doigts.
L’armée, jusqu’alors inébranlable pilier du régime, juge “légitimes” les revendications civiles. L’État-major a compris que la répression aveugle, cette fois, ne réglera pas l’affaire. Un général ne doit jamais se rendre, sauf à l’évidence. Les soldats refusent de tirer dans le tas. La troupe s’écarte sur le passage des “révoltés du Nil”, comme jadis la mer Rouge devant les Hébreux.
Hier, dans les rues du Caire, une marée humaine portait la contestation. Les Égyptiens, par centaines de milliers, battent le pavé en réclamant un avenir nouveau. La tyrannie trouve ici ses limites. On en tue quelques-uns, et puis quoi ? Ils ont pour eux la loi du nombre. Faute de parvenir à les “plomber” tous, il va falloir lâcher du lest.
Nul ne sait la forme que prendra l’inéluctable changement. Le bain de foule, après tout, risque toujours de se transformer en bain de sang. À moins que les Frères musulmans, tapis dans l’ombre, ne tordent bientôt le cou à la liberté naissante.
Mais si l’espoir demeure fragile, on veut croire aux chances de la démocratie. L’Histoire retiendra peut-être que, dans le monde arabe, le “printemps des peuples” débuta à l’hiver 2011…
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