L'euro s'est apprécié de 2,7 % depuis le début d'année. Le ton plus ferme de la Banque centrale européenne sur l'inflation conduit les opérateurs à anticiper une hausse des taux avant la fin 2011. Le marché attend le discours de Jean-Claude Trichet jeudi.
La monnaie unique a franchi le seuil de 1,38 dollar en séance, grimpant de 0,78 %, à 1,3804 dollar au plus haut mardi 1er février. Depuis le début de l'année, l'euro s'est apprécié d'environ 3 %. Il a renoué avec ses niveaux de novembre 2010 -avant la crise irlandaise -du fait d'anticipations de hausse des taux plus agressives dans la zone euro.
Actuellement, les marchés estiment que la Banque centrale européenne (BCE) procédera à un premier tour de vis de 25 points de base (0,25 %) en septembre et à un deuxième en début d'année 2012. Jusqu'à la réunion de l'institut d'émission, le 13 janvier dernier, les opérateurs ne s'attendaient à aucun resserrement de la politique monétaire dans la zone euro cette année. Reflet des anticipations du marché, l'Euribor à 3 mois s'est fortement tendu depuis cette date et atteint désormais ses niveaux de juillet 2009, à 1,082 %.
Le discours de Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, a été à l'origine de ce virage brutal. Celui-ci a durci le ton au sujet de l'inflation, suivi dans cette voie par Lorenzo Bini Smaghi, membre du directoire de la banque centrale. La publication, lundi, d'un chiffre d'inflation de 2,4 % en janvier, supérieur aux estimations de marché et à l'objectif de la BCE, a enfoncé le clou. L'analyse de Trichet jeudi est donc très attendue par les intervenants de marchés.
Le sentiment grandit qu'il existe bien une volonté politique de sauver l'euro
« Voici comment nous interprétons la stratégie de la BCE à ce stade : elle sait qu'une remontée prochaine du loyer de l'argent risque de heurter les pays de la ‘périphérie' et la confiance des marchés, donc elle essaie par un langage plus ferme d'empêcher que les anticipations d'inflation ne dérapent, ce qui serait son pire cauchemar », explique Marco Valli chez Unicredit.
L'euro a aussi bénéficié de l'apaisement des craintes envers la dette souveraine, grâce au succès des émissions obligataires des Etats « périphériques » et à celui, plus spectaculaire, des emprunts européens pour l'Irlande : les investisseurs se sont arrachés les papiers émis en janvier par le Mécanisme de stabilité européen (MESF) et le Fonds de stabilité (FESF). Par ailleurs, bien que l'incertitude ne soit pas levée -et ne le sera sans doute pas avant mars -le sentiment grandit qu'il existe bien une volonté politique de sauver l'euro. Ceci devrait se traduire par un renforcement du Fonds de stabilité européen.
En attendant, certains préconisent la prudence. « Le vrai problème c'est que la plupart des gouvernements de la zone euro empruntent à des taux plus élevés que leur taux de croissance nominal et, dans des cas comme la Grèce ou l'Irlande, à des taux nettement supérieurs, » rappellent ainsi les spécialistes Devises de Morgan Stanley, qui craignent que l'optimisme retombe.
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