TOUT EST DIT

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mercredi 2 février 2011

A la recherche d'un modèle

Alors que, de Tunis à Amman ou au Caire, le monde arabe sort à une vitesse accélérée de l'ère glacière, les leaders occidentaux voient s'effondrer sous leurs yeux leurs certitudes d'hier. Depuis l'immolation, il y a un mois et demi, d'un vendeur de fruits et légumes tunisien à Sidi Bouzid, des régimes qu'ils croyaient solides vacillent. Pire, on semble découvrir avec étonnement que des peuples décrits comme condamnés à subir encore longtemps des régimes autoritaires aspirent à autre chose. Quelle surprise !

Ce n'est pas la première fois que la croyance dans le statu quo a conduit à de lourdes erreurs d'analyse. On se souvient que ni François Mitterrand ni Margaret Thacher ne comprirent la signification de la chute du mur de Berlin qui se déroulait pourtant sous leurs yeux. Il ne faudrait pas commettre les mêmes erreurs, même si le parallèle avec les événements actuels n'est pas totalement pertinent. Lors de la chute du Mur, les peuples des « démocraties populaires » avaient tous un seul modèle, leurs voisins de l'Ouest libres et prospères. Si ce rêve d'Occident traverse les sociétés arabes, il est loin d'être le seul ni peut-être le principal, variant en tout cas grandement en intensité d'un pays à l'autre. Une enquête du Pew Research Center américain montre que plus de 80 % des Egyptiens ont une vision négative des Etats-Unis. Aussi, les dirigeants occidentaux, américains en tête, ne peuvent s'empêcher de lire ce qui se déroule au sud de la Méditerranée à la lumière de la révolution iranienne de 1979 : l'Ouest, qui se félicitait du renversement du Shah, découvrit rapidement que l'alternative était bien pire.

Ce danger est bien réel en Egypte comme ailleurs. Mais il n'y a pas de fatalité à ce que, dans le monde arabo-musulman, les peuples soient condamnés à choisir entre deux ordres, le militaire ou l'islamique. Le plus grand pays musulman du monde, l'Indonésie, est passé de plus de trente ans de dictature de Suharto à la démocratie à la fin des années 1990. Plus près, la Turquie, République laïque, représente un modèle pour les peuples de la région. Modèle que l'Europe, d'ailleurs, ferait mieux d'encourager plutôt que de dénigrer. Il faudrait citer également les évolutions profondes de la société iranienne, qui permettent d'espérer, à un horizon pas si lointain, l'émergence, enfin, d'une grande Perse moderne.

L'enjeu des événements actuels est que cet intense moment de libération, où, après tant d'années, toutes les voies sont soudain ouvertes, débouche sur la modernité et non l'obscurantisme. 
Que ces pays ne se trompent pas de modèle !

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