TOUT EST DIT

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mercredi 2 février 2011

Maroc -Égypte : La malédiction des pharaons

Le virage historique
de l’Égypte a pris de court tout le monde. Ses répercussions sur les pays partenaires, surtout ceux du voisinage à l’instar
du Maroc, sont déjà là.

Après la Tunisie, c’est au tour du pays des pharaons de rejoindre la liste des pays à haut risque, et pas des moindres. Qui aurait cru que ces régimes politiques s’écrouleraient comme un château de cartes à la vitesse de la lumière ? Le virage historique de l’Égypte a pris tout le monde de court. Et les répercussions sur les pays partenaires, surtout ceux du voisinage à l’instar du nôtre, sont déjà là. Royal Air Maroc a programmé pour aujourd’hui de mobiliser deux vols afin de rapatrier nos ressortissants. Dans ce sens, «une opération de coordination avec l’ambassade du Maroc au Caire est en cours pour rapatrier les quelques Marocains résidant en Égypte», nous confie Abderrahmane Sadouk, DGA des Affaires aériennes à la RAM. La compagnie aérienne serait en train d’étudier la possibilité de suspendre ses vols à destination du pays de Moubarak au vu de la quasi-absence de réservations. Déjà, le vol en provenance du Caire, dimanche dernier, avait affiché moitié vide, selon Sadouk. À part le transport des marchandises, le fret connaît lui aussi des perturbations. Sur ce dernier sujet, la RAM a préféré pour le moment reporter toute discussion.

Facture énergétique

Pour mesurer l’effet domino de la crise égyptienne sur notre économie, Le Soir échos a contacté nombre d’économistes et d’officiels, mais le mutisme reste le mot d’ordre. Il semble qu’il est encore prématuré de parler d’impact réel, de l’avis de la quasi-majorité des sondés.

Toutefois, que ce soit des effets directs ou indirects, faut-il le dire, les ondes de choc déferleront tôt ou tard. En attestent les cours du pétrole qui ont déjà franchi la barre des 100 dollars/baril à cause des tourments que vit ces temps-ci l’économie égyptienne. Pis, les prévisions pour les prochains jours tablent sur les 120 dollars, de quoi accentuer les spirales spéculatives, déjà en pleine effervescence.

Cette flambée soudaine des prix trouve son fondement dans les interconnexions très fortes entre l’Égypte et les pays du Golfe, d’ailleurs principaux producteurs d’or noir. La turbulence des cours du pétrole, si elle persistait, se traduira négativement sur notre facture énergétique. Là se pose, encore une fois, le mécanisme défaillant de la caisse de compensation. Surtout que la loi de finances 2011 a pris comme base pour son scénario d’hypothèses le prix de 75 dollars le baril. «La non-maîtrise de la situation dans le court terme de la part des pays du Golfe risque de compliquer les choses», prévient l’économiste Driss Benali.

Le séisme politico-économique égyptien aurait également des répercussions sur la région MENA en général en matière de tourisme. «Les touristes étrangers voient du même œil le monde arabe en tant que marché homogène mais également en tant que région enflammée», analyse Benali. Et d’ajouter que ces scénarios d’angoisse et de craintes causent une psychose chez les étrangers.

Le tourisme n’est pas le seul à subir ce renversement de tendance. Le flux des investissements directs étrangers est aussi concerné. En effet, l’agence de notation Moody’s avait abaissé dernièrement ses notes réservées à la Tunisie. Suivant la même trajectoire, l’agence Fitch vient elle aussi de dégrader le pays de Moubarak pour voir ses notes tomber au-dessous même de celles attribuées à un pays comme l’Irak. Ce qui ne manquerait pas d’accentuer l’instabilité que connaît généralement la région MENA (risque pays très élevé).

Ajoutée à tout cela, la décision des autorités égyptiennes de suspendre l’activé de la bourse du Caire. Cet arrêt brusque n’a pas tardé à impacter négativement les places financières internationales y compris la place casablancaise (voir page 18). Débutant en forte baisse, les bourses de Tokyo et de Londres ont cédé respectivement 1,18% et 1,48%. Idem pour la bourse de Paris qui a annoncé des indicateurs au rouge.

Par ailleurs, les tensions en Égypte seront-elles en mesure de produire des effets positifs sur notre économie, puisqu’il s’agit de perte de part de marchés? «Il ne faut pas se faire des illusions. Si contraction il y a, ça sera certainement et automatiquement au profit des puissances économiques comme la Chine ou la Turquie», explique Benali.

3 MMDH pour nos importations

A noter enfin que l’Égypte est l’un des 17 principaux partenaires du Maroc. En l’absence de données chiffrées sur l’année 2010, nos exportations vers ce pays se sont chiffrées à 861 millions de dirhams, tandis que nos importations se sont établies à plus de 3 milliards de dirhams à fin 2009. En somme, le solde commercial est largement en faveur de l’Égypte. Selon l’office des changes, les recettes MRE se sont élevées à près de 18 millions de dirhams, au moment où les investissements se sont fixés à plus de 300 millions de dirhams. La structure des produits vendus par le Maroc fait ressortir les voitures de tourisme (361 MDH), la pâte à papier (49,6 MDH), les poissons frais (31 MDH), les médicaments (4 MDH) et les vêtements confectionnés (3 MDH).

S’agissant de nos commandes en provenance de ce partenaire, on peut citer les barres, tôles et tubes en aluminium (261 MDH), le papier fini et les ouvrages en papier (214 MDH), les matières plastiques artificielles (186 MDH), la parfumerie (76 MDH), les produits céramiques (69 MDH).

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