TOUT EST DIT

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mercredi 2 février 2011

Jordanie et Yémen, les autres poudrières

Alors que la "marche du million" a été un succès en Egypte, la situation s'est tendue en Jordanie ainsi qu'au Yémen. A Amman, le roi Abdallah II a limogé mardi son Premier ministre pour tenter de calmer la rue, tandis qu'à Sanaa, le pouvoir craint la nouvelle "Journée de la colère", prévue jeudi. 


De nombreux experts ne croyaient pas à une traînée de poudre après la chute du président tunisien Ben Ali. Mais devant la détermination des Egyptiens, la contestation monte désormais dans d'autres pays arabes. Les tensions se sont particulièrement crispées dans deux d'entre eux: la Jordanie et le Yémen.

L'enjeu palestinien en Jordanie

Comme en Egypte, la rue réclame le départ du roi Abdallah II de Jordanie. Comme en Egypte, la précarité sociale de la population et la fragilité économique du pays sont à l'origine de la mobilisation. Et comme en Egypte, le pouvoir a tenté de passer par un remaniement ministériel pour calmer les manifestants. Abdallah II a en effet limogé mardi son Premier ministre, mais la puissante opposition islamiste a immédiatement critiqué ce choix et promis de nouvelles manifestations.
Les exemples égyptiens et tunisiens sont dans toutes les têtes. Mais la comparaison reste limitée. En effet, les Frères musulmans jordaniens sont mobilisés depuis le début de la contestation contre le régime monarchique – contrairement à la branche égyptienne du mouvement islamiste panarabe. Et ils ont plus de poids qu'au Caire, car ils représentent politiquement les deux tiers de la population: les Palestiniens. "En Jordanie, l'impasse du processus de paix cristallise les tensions", explique au JDD.fr Denis Bauchard, ex-directeur du département Afrique du Nord et Moyen-Orient au quai d’Orsay. Pour ce dernier, également chercheur à l’Ifri (**), "la population palestinienne reproche à la dynastie hachémite d'avoir signé la paix avec Israël de façon prématurée".
Dans la rue, cette contestation se traduit par des manifestations à répétition, organisées par les opposants islamistes et de gauche, unis dans leur combat – encore une différence par rapport à l'Egypte. Et le remplacement, au poste de Premier ministre, de Samir Rifaï par Maarouf Bakhit n'a pas convaincu. Le Front de l'Action Islamique (FAI), principal parti d'opposition, a estimé que Maarouf Bakhit n'est "pas un réformateur" car il a déjà été en poste en 2005-2007. "Il semble que le train des réformes n'est pas encore en marche", a lâché à l'AFP le secrétaire général du FAI, Hamzeh Mansour, assurant que les manifestations allaient se poursuivre puisque "les raisons de ces manifestations [étaient] toujours valables".

Le pouvoir yéménite tente le tout pour le tout

Le président yéménite Ali Abdallah Saleh, confronté à des protestations populaires, va réunir mercredi la Chambre de députés et le Conseil consultatif, à la veille d'une manifestation de l'opposition qui a jugé "tardif" l'appel au dialogue du parti au pouvoir. Cette réunion extraordinaire intervient alors que le chef de l'Etat a multiplié les mesures sociales et économiques, dont une augmentation des salaires, face à la montée de la grogne populaire dans ce pays de 24 millions d'habitants. La création d'un fonds pour l'emploi des diplômés de l'université et l'extension de la couverture sociale à un demi-million de personnes ainsi qu'une réduction de l'impôt sur le revenu figurent parmi les mesures décidées le week-end dernier.
Mais l'opposition est toujours sceptique. Les manifestations ont débuté après quatre tentatives d'immolation par le feu dont un cas mortel, le 20 janvier. Comme en Jordanie, les opposants au parti au pouvoir, présents au Parlement, se sont constitués en un "Front commun". Leur chef, Mohamed al-Moutawakel, a assuré mardi à la presse qu'il "n'y aura pas de dialogue sans l'annulation des mesures prises unilatéralement par le parti au pouvoir". Une référence à une révision constitutionnelle susceptible d'ouvrir la voie à une élection à vie du président Saleh, au pouvoir depuis 1978.
"Au Yémen, les manifestations en faveur de la démocratie s'ajoutent à une situation intérieure déjà difficile pour le président Saleh", explique Denis Bauchard, avant de développer: "Le pouvoir doit faire face à la conjonction de révoltes tribales dans le Nord, du mouvement sécessionniste du Sud et de la présence d'Al Qaïda. " Inspirée par la "marche du million" qui a eu lieu mardi en Egypte, l'opposition a appelé à une nouvelle "Journée de la colère" jeudi. Une journée qui devrait déterminer l'avenir du pays.

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