TOUT EST DIT

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lundi 28 février 2011

Les Libyennes s'engagent dans le soulèvement sans sortir de la tradition

Dans les effluves de peinture, Najah Kablan s'active à la confection des banderoles de la révolution libyenne. De nombreuses femmes participent à la mobilisation, sans pour autant s'écarter du rôle qui leur est assigné dans une société conservatrice.
"Je viens apporter ma contribution", explique Najah Kablan, inspectrice d'anglais dans l'enseignement scolaire, voilée comme la grande majorité des Libyennes. "Nous recueillons les slogans inventés par les gens pour les inscrire sur des affiches et les mettre dans la rue".
"Mes deux fils sont là aussi, nous travaillons en famille", ajoute-t-elle, dans une salle du tribunal de Benghazi (est) reconvertie en atelier de l'insurrection.
En face de la corniche qui longe la Méditerranée, une barrière maintient les hommes à distance des femmes regroupées sur le perron du tribunal.
"Nous apportons de l'eau et des vivres aux manifestants", affirme Najwa al-Tir, une jeune fille coquettement voilée, qui a revêtu l'uniforme des volontaires. "Nous resterons ici jusqu'à ce que (le dirigeant libyen Mouammar) Kadhafi parte, 42 ans ça suffit, on veut la liberté!", s'exclame cette employée d'une compagnie pétrolière.
"C'est la tradition de manifester séparément des hommes et je préfère ça", assure-t-elle. "Mes parents m'encouragent à m'impliquer dans le mouvement", indique Zoha al-Mansouri, étudiante en anglais et fille unique. "Je ne crois pas que la relation entre hommes et femmes change après la chute du régime", ajoute-t-elle.

Naïma Yamani, qui a amené ses enfants pour qu'ils se fassent peindre le visage aux couleurs du premier drapeau de la Libye indépendante, sous la monarchie, assure être "présente depuis le début".
"Nous n'avons pas eu peur parce que nous sommes tous unis", estime-t-elle.
"Sur les 13 membres de la coalition de la révolution, il y a trois femmes, dont deux non voilées", remarque Hanaa el-Gallal, une des porte-parole du soulèvement, dont le voile laisse apparaître une partie des cheveux. "Avec les hommes, nous avons pleuré ensemble, partagé les succès ensemble", se remémore-t-elle.
"Mais à l'extérieur, étant donné que nous sommes musulmans, les hommes tiennent à protéger les femmes, tout comme les enfants, pour qu'ils ne soient pas bousculés", poursuit Hanaa el-Gallal, juriste spécialisée dans le droit international et les droits de l'Homme.
L'exubérance des manifestantes n'a pourtant rien à envier à celle de leurs camarades masculins.
"Kadhafi est un grand menteur, personne ne veut de lui!", s'époumone Fatma al-Madgoub, en réaction aux déclarations du dirigeant libyen qui présente ses opposants comme des groupes isolés. "Qu'il aille en Israël, il n'a rien à faire dans ce pays!", fulmine-t-elle.
De fait, aucune Libyenne n'accorde apparemment crédit au colonel Kadhafi pour les avancées des droits des femmes sous son régime. "On pourrait considérer qu'on lui doit ça, mais il l'a fait uniquement pour créer le chaos dans la société, c'est ainsi qu'il a toujours agi", accuse Hanaa el-Gallal.
"Nos mères portaient des robes courtes", ajoute cette divorcée de 40 ans, mère de deux enfants, "mais parce que Kadhafi est allé trop loin dans l'ouverture de la société, nous avons décidé de porter le voile". "Le +Livre vert+ dit beaucoup de choses très agréables sur les femmes", reconnaît-elle au sujet de la doctrine officielle du régime Kadhafi, "mais ce n'est pas ce qui est appliqué en réalité"

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