TOUT EST DIT

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lundi 28 février 2011

France, Mexique et langue d'Esope

Le sort de Florence Cassez, dont le nom est maintenant connu de tous les Français et de tous les Mexicains, est devenu l'objet d'une véritable crise diplomatique. Comment cela est-il advenu ? A l'origine est la détestable idée de cette jeune femme de « se mettre à la colle » avec un criminel avéré, dont elle dit avoir ignoré les activités coupables. On est censé la croire sur parole, mais il est clair qu'elle n'a pas participé à ses crimes. Or le sujet est brûlant au Mexique, où les activités d'enlèvements et de meurtres ont pris des dimensions quasi industrielles. Assiégé par les revendications excédées des populations pour plus de sécurité, le responsable de l'Agence fédérale d'investigation, Genaro Garcia Luna, décide de frapper l'opinion lors de l'arrestation du criminel. Pour plus de piquant, il ne lui déplaît pas d'ajouter cette jeune étrangère rousse à son tableau de chasse. Trouvé le casting, réalisée la mise en scène, au sens littéral : tout le monde connaît la farce de la reconstitution télévisée ciblant la « kidnappeuse française ». De faits et de preuves, point.

Mais depuis le début, aux dénégations de la suspecte ont été opposées les indignes mises en scène de la police. Parole contre parole. Dans cette confrontation d'assertions contradictoires, Florence Cassez a gagné soixante ans de prison ; et Garcia Luna le poste de ministre de la Sécurité publique, puisqu'un populisme bien exploité, avec un zeste de xénophobie, aide souvent les carrières. En même temps, la médiatisation de l'événement a jeté aussi la lumière sur les maladresses misérables du montage mexicain. A ce point de notoriété, les Français et leur président ne pouvaient les tolérer (qu'aurait-on dit ?), et Mexico ne pouvait laisser passer nos remontrances (de quoi aurait-il l'air ?). Sur le fond, Sarkozy a raison d'insister ; son image, au reste, n'en souffre pas. Sur la forme, Calderon, président du Mexique, a tort de se cabrer. Il est devenu prisonnier de la sienne.

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