TOUT EST DIT

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lundi 28 février 2011

Beaucoup trop tard

Le départ de Michèle Alliot-Marie intervient beaucoup trop tard. Nicolas Sarkozy aurait pu, et dû, la limoger le jour où elle a affirmé que lorsqu’elle était en vacances (en Tunisie), elle n’était « pas ministre des Affaires étrangères ». C’était le 5 février, et Mam montrait par cette petite phrase désinvolte qu’elle n’avait nullement l’envergure pour diriger le Quai d’Orsay. Son prétendu professionnalisme à la tête de ministères régaliens était largement surfait. De demi-vérités en vrais mensonges, elle a mis, depuis plus d’un mois, toute sa pugnacité dans la défense acharnée de son maroquin ministériel. La ministre des Affaires étrangères de la France était devenue la ministre de ses propres affaires… étranges.

Elle n’est pas la seule responsable du crash, car la diplomatie française, définie à l’Élysée, est loin d’être lisible. Nicolas Sarkozy, généralement prompt à intervenir sur tous les sujets, a attendu six semaines après la fuite de Ben Ali, plus de deux semaines après la chute de Moubarak et dix jours après le début des massacres en Libye pour soutenir solennellement la volonté émancipatrice des peuples arabes. C’est ce qu’on appelle courir après l’actualité. En outre, le chef de l’État n’est pas allé au bout de sa logique. En gardant Patrick Ollier, le compagnon de Michèle Alliot-Marie – et son accompagnateur en Tunisie —, il a omis de désamorcer une autre bombe en puissance. Kadhafi appelle Patrick Ollier « mon frère ». Lors de la visite du Libyen, en 2007, c’est lui qui avait expliqué à quel point le dictateur était devenu fréquentable. Le sauvetage d’Ollier a-t-il été négocié en échange de la démission de Mam ? Ce n’est pas, en tout cas, un signal positif pour les opinions arabes.

Alain Juppé est chargé de redresser une diplomatie mise à mal par « Calamity Mam ». Mais celle-ci, déjà, devait faire oublier les errances de Bernard Kouchner… En réalité, le seul qui pourrait redonner du lustre à notre politique étrangère serait le chef de l’État… qui l’a menée dans l’impasse. La France paie aujourd’hui son retour dans l’Otan, son aveugle suivisme afghan, le soutien sans nuance à Israël malgré l’accentuation de la colonisation des territoires palestiniens, bref, l’abandon d’une politique gaullienne de grandeur et d’indépendance qui en faisait un État écouté. Mais de tout ça, Nicolas Sarkozy n’a pas parlé hier soir.

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