TOUT EST DIT

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lundi 28 février 2011

Trois raisons d'opérer à chaud

Inutile de se repasser le film des semaines passées : en dépit des soutiens souvent formels, tout le monde avait admis, sauf l'intéressée, que la situation n'était plus tenable pour Michèle Alliot-Marie. Ni pour le gouvernement qu'elle entraînait dans sa chute sondagière.

Un remaniement n'a jamais suffi à renouer avec l'opinion, celui du 14 novembre le confirme. Mais un non-remaniement aurait été synonyme d'un enlisement fatal dans un environnement international délicat et à quatorze mois de la présidentielle. Annonçant lui-même les nominations, solennel et protecteur, Nicolas Sarkozy était obligé d'opérer à chaud, pour trois raisons principales.

La première : quand on préside le G20 et que l'on veut peser sur les règles du jeu mondial, mieux vaut avoir une diplomatie lisible et des ministres forts. Ce besoin d'autorité de la France est rendu urgent par les incertitudes monétaires, les prix alimentaires et la question migratoire amplifiée par les révolutions arabes.

Il est pour le moins regrettable qu'une belle idée, l'Union pour la Méditerranée, garde-fou que le Président se propose de relancer, soit restée lettre morte depuis trois ans, du fait, entre autres, qu'elle reposait sur deux piliers dictatoriaux aujourd'hui effondrés, Ben Ali et Moubarak.

La seconde : pour envisager un second quinquennat, mieux vaut achever le premier dans de bonnes conditions. Hanté par les gaffes ministérielles qui seraient autant de cadeaux offerts à l'opposition, Nicolas Sarkozy voulait une équipe de pros. Il espérait que le gouvernement lui assurerait la paix de ce côté-là, pour mieux se présidentialiser sur la scène internationale.

Alain Juppé grand gagnant

Il vient de se priver de trois mois précieux dans son calendrier de reconquête de l'opinion que Brice Hortefeux, dans ses nouvelles fonctions à l'Élysée, devra rattraper. Après avoir mal maîtrisé le remaniement de novembre, il cède aux conditions posées par Alain Juppé ¯ « le meilleur d'entre nous », disait Jacques Chirac ¯ qui ne voulait pas voir « sa » politique étrangère confisquée par la cellule diplomatique de l'Élysée.

Grand gagnant de l'opération, le maire de Bordeaux devient l'homme fort de la nouvelle équipe de François Fillon.

La troisième : à trois semaines de cantonales que la majorité considère comme très difficiles, à sept mois de sénatoriales tout aussi compliquées pour elle, Nicolas Sarkozy veut prendre de la hauteur à la faveur des crises extérieures, espérant que son art de la communication reléguera l'affaire Alliot-Marie au second plan.

On mesure à quel point l'ampleur et la brutalité des désordres du monde peuvent percuter, en France comme ailleurs, la politique intérieure. Leur imprévisibilité devrait accessoirement nous conduire à rester très prudent sur les scénarios et les pronostics de l'élection de 2012 qui pourraient se décanter très tardivement.

En attendant, Nicolas Sarkozy doit à la fois déjouer le spectre migratoire brandi par l'extrême droite et redonner panache et lisibilité à une diplomatie grippée depuis dix ans. Le temps est court et la marge étroite.

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