Mais plutôt que de dire : il y a un problème personnel, je le règle, il a préféré procéder à une analyse globale sur les turbulences dans le monde arabe et les risques d’une immigration venant de ces pays. D’où la leçon qu’il en tire d’une « réorganisation des ministères régaliens ». C’est sa formule. Une formule ronflante mais qui lui permet de dire : je n’ai pas sacrifié Michèle Alliot-Marie sur l’autel de l’opinion publique.
Il lui sauve donc un peu la face. Le problème, c’est que personne n’est dupe et que pour cela, c’est son propre ami, Brice Hortefeux qu’il sacrifie.
Et là on touche à la deuxième raison de l’élargissement du remaniement au ministère de l’Intérieur. Brice Hortefeux est un ami proche de Nicolas Sarkozy certes, mais le président sait qu’il jouera gros, très gros en 2012, sur les questions de la sécurité, de l’immigration et de l’islam. C’est à la fois sa crédibilité et son bilan qui sont en cause.
Et si le ministre de l’Intérieur était sur le fond l’exécutant zélé de la politique voulue par le président, force est de constater que sur la forme, ça ne passait pas totalement. Le collaborateur de toujours ne s’était pas transformé en leader et avec les policiers il avait plus de considération que d’affection.
Brice Hortefeux était prêt à incarner l’aile droite de la majorité, mais cela n’avait pas permis, au contraire, de faire reculer Marine Le Pen dans les sondages. Alors pour ne pas être disqualifié sur son terrain de prédilection, Nicolas Sarkozy abat sa dernière carte : Claude Guéant, l’homme qui connaît le mieux la police et dont la réputation de professionnalisme n’est pas en cause. Si même avec lui, ça ne marche pas, alors….
Alain Juppé sort évidemment renforcé. C’est une chance pour Nicolas Sarkozy dans la mesure où son arrivée au Quai d’Orsay est unanimement saluée et va lui permettre de relancer, en limitant les dégâts, sa politique étrangère.
Mais il renforce un allié plus libre que jamais et qui dit ce qu’il pense. On l’a vu sur le débat si sensible sur l’islam qu’Alain Juppé ne juge pas utile de relancer. Il sera donc intéressant de voir si au-delà des questions de politiques étrangères, Alain Juppé parvient à infléchir le cours du quinquennat. Après le dernier remaniement, on se demandait qui de François Fillon ou de Jean-François Copé aurait, derrière Nicolas Sarkozy, le leadership sur la majorité. Il semble bien que désormais, cette partie se joue à trois.
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