Pour le locataire de Matignon, l'ex-ministre des Affaires étrangères «n'a pas commis de faute». Il a par ailleurs annoncé l'envoi d'avions humanitaires en Libye.
«La voix de la France n'était plus audible, parce que Michèle Alliot-Marie faisait l'objet d'une campagne injuste, dans la mesure où c'est quelqu'un d'intègre». D'ailleurs, elle faisait jusqu'ici partie des ministres les plus populaires, précise-t-il. «La polémique crée une situation qui devenait dangereuse pour la voix de la France. Nous aurions préféré ne pas nous séparer d'elle mais il n'y avait pas d'autre solution. Elle en a convenu elle-même», assure-t-il.
Le premier ministre s'est aussi félicité du choix d'Alain Juppé pour remplacer Michèle Alliot-Marie. «Il fallait quelqu'un d'une grande autorité morale et politique», a-t-il expliqué. Il rappelle que le poste lui avait déjà été proposé en novembre, mais qu'il l'avait refusé «pour des raisons personnelles». Avant le dernier remaniement, Alain Juppé avait effectivement fait savoir qu'il ne souhaitait pas revenir au Quai, redoutant d'être sous tutelle des puissants conseillers élyséens, Claude Guéant et Jean-David Levitte. Alain Juppé ne devrait pas quitter la mairie de Bordeaux, dit François Fillon, qui assure qu'il ne le lui demandera pas. Et d'espérer que les Bordelais comprendront la disponibilité réduite de leur maire : «Ce sont des circonstances historiques».
Sur le sort de Brice Hortefeux, le premier ministre a dit que «le président de la République avait souhaité modifier son organisation». «Il appellera auprès de lui Brice Hortefeux comme conseiller politique, dans un contexte dont chacun peut comprendre qu'il sera éminemment politique dans les prochaines semaines ou les prochains mois». Ce fidèle de Nicolas Sarkozy sera «plus utile» à ce nouveau poste «dans les circonstances qui s'annoncent», a-t-il souligné, justifiant ce changement par «les échéances politiques», dans une allusion claire à la campagne pour la présidentielle de 2012.
Quant au choix de Claude Guéant pour le ministère de l'Intérieur, «il y a des défis à relever en matière d'immigration et de sécurité qui vont croissants», a-t-il expliqué. Il «connaît parfaitement ce ministère» et «nous a semblé le mieux à même de conduire une nouvelle étape de la politique de sécurité et d'immigration au moment où nous estimons qu'elle est nécessaire», a-t-il argumenté.
Le premier ministre a profité de son intervention pour annoncer que deux avions français avec de l'aide et du personnel humanitaires allaient partir «dans quelques heures» pour Benghazi, ville de l'est de la Libye aux mains des opposants au colonel Kadhafi. Le départ de ces deux appareils marque «le début d'une opération massive de soutien humanitaire aux populations des territoires libérés», a insisté le premier ministre.
Le chef du gouvernement a ajouté que «toutes les solutions» étaient à l'étude «pour que le colonel Kadhafi comprenne qu'il doit s'en aller». Parmi les options en discussion figure notamment l'interdiction de survol du territoire libyen, a-t-il dit. Interrogé sur la possibilité d'uine intervention militaire internationale en Libye, François Fillon a répondu : «une implication de l'Otan dans une guerre civile sur la rive sud Méditerranée mérite une grande réflexion. Toutes les options sont examinées»
Le premier ministre a également abordé le débat sur la place de l'islam en France. Un débat auquel il pourrait s'opposer s'il «devait conduire à stigmatiser les musulmans». Il veillera «à la place qui est (la sienne), à ce que ce débat ne dérive pas». «C'est un débat sur le concept de la laïcité», a-t-il souligné., «notamment sur la question du financement des lieux de prière». «La question n'est pas pas taboue. La question de l a formation des imams n'a pas été jusqu'à présent bien traitée», a conclut le premier ministre.
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