mardi 8 juillet 2014
Off
Off
Le mot magique qui permet de dire à n’importe qui le contraire de ce que l’on répétera l’instant d’après, publiquement. L’expression a été inventée pour les journalistes avec lesquels on déjeunait et supposés ne rien répéter de la conversation si on leur signalait auparavant que c’était “off” ; un code implicite et respecté. Terminé : le journaliste répète, c’est son métier, et en plus, maintenant, il enregistre en douce avec son portable.
Toutefois le principe demeure et permet d’entretenir un mensonge général soigneusement orchestré.
Il y a ce que l’on dit en privé et ce que l’on affirme en public ; ce que les “partenaires (!) sociaux” se disent entre eux et qui n’a strictement rien à voir avec leurs déclarations médiatiques, ajoutez à cela les interprétations journalistiques et vous avez une autre illustration de l’exception culturelle ! Le off s’assimile à la langue de bois qui est un principe fondateur du dialogue social et de la communication politique française. Tout doit être lisse, bien-pensant et refléter l’idéologie de son camp. La vérité des convictions n’a aucune importance, il faut des mots creux et répondre à côté des questions. C’est ainsi que tel ministre vous dira “off” qu’il faut repousser l’âge de la retraite et prétendra le contraire au 20 heures ; on jure qu’on ne cédera rien aux grévistes alors qu’en même temps, on négocie off un donnant, donnant sur la négociation suivante, etc.
Nos ministres en off vous expliquent comment réformer la France, mais le dire serait selon eux suicidaire.
Le off soulage la conscience des menteurs : ce n’est pas qu’ils mentent, c’est que bien sûr nous ne supporterions pas la vérité !
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