C'est mon dernier billet, chers lecteurs. Et mon dernier jour au Monde. Oui, il y a une fin à tout.
J'ai eu la chance d'être engagé dans ce journal par Hubert Beuve-Méry, en 1969, peu de temps avant son départ à la retraite. Etant alors le plus jeune membre de la rédaction, on m'avait chargé, en compagnie du doyen de l'époque, André Ballet, de lui remettre la clé de la première voiture qu'il posséderait en propre, une modeste Daf, offerte par Le Monde. C'était dans un autre millénaire. Il y aurait beaucoup à dire sur la longue et belle aventure qui a suivi, de la rue des Italiens au boulevard Auguste-Blanqui. Mais cette rubrique, ne disposant que de 1 190 caractères, se prête mal à des Mémoires. Un mot de trop, et le cadre déborde. Le billet n'est qu'un clin d'œil, un regard... de biais sur l'actualité. Schématique, souvent injuste, il ne peut s'encombrer ni de précisions ni de nuances. On attend de lui - surtout s'il s'agit du dernier - une chute inattendue, un feu d'artifice.
Mais, après tout... Et si, pour une fois, piétinant joyeusement la règle, quoique un peu triste de vous quitter, je me laissais porter, doucement, sereinement, jusqu'au point final ?
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