Après avoir imposé des sanctions sévères au leader libyen, à sa famille et à des proches du régime, la communauté internationale, l'Occident en tête, réfléchit à une interdiction de l'espace aérien libyen en mesure d'empêcher des bombardements de la population.
Mais alors que les appels internationaux se succèdent pour un départ de M. Kadhafi, le dernier en date venant de Londres qui lui a demandé de s'en aller "maintenant", le leader libyen est resté inflexible fustigeant les sanctions de l'ONU et assurant que la Libye était "complètement calme".
"Des gens ont été tués par des bandes terroristes qui appartiennent sans aucun doute à Al-Qaïda", a dit le colonel Kadhafi par téléphone à la chaîne de télévision serbe Pink TV.
Mais depuis le début de la révolte le 15 février qui a fait des centaines de morts, ses déclarations n'ont pas d'impact sur les rebelles.
Ces derniers, désormais appliqués à remettre la population au travail dans l'Est, ont créé un "Conseil national indépendant" à Benghazi, deuxième ville du pays et fief de la contestation, chargé de représenter "toutes les villes libérées".
Cet organe sera "le visage de la Libye pendant la période de transition", a déclaré son porte-parole Abdelhafez Ghoqa.
"Nous comptons sur l'armée pour libérer Tripoli", a-t-il ajouté.
A plus de 1.000 km à l'ouest, autour de la capitale, l'opposition revendique également le contrôle de plusieurs villes.
Selon un dignitaire membre du comité révolutionnaire de Nalout, à 230 km à l'ouest de Tripoli, ces villes sont "aux mains du peuple": Al-Rhibat, Kabaw, Jado, Rogban, Zentan, Yefren, Kekla, Gherien et Hawamed.
"Nous nous plaçons sous l'autorité du gouvernement intérimaire de Benghazi (...) Nous préparons les forces pour marcher sur Tripoli et libérer la capitale du joug de Kadhafi", a ajouté Chaban Abu Sitta.
A Zawiyah, à 60 km à l'ouest de la capitale, les manifestants anti-Kadhafi semblent contrôler la ville, mais les forces qui lui sont loyales en contrôlent l'accès et les alentours, selon des témoins.
Les villes stratégiques de Misrata, à l'est, et Gherien, au sud, semblent aussi sous contrôle de l'opposition.
A Tripoli, seuls circulaient les miliciens du colonel Kadhafi, à bord de 4X4. Des postes de contrôle ont été mis en place dans et autour de la capitale, où le pain et l'essence étaient rationnés, selon un habitant joint par téléphone.
Une vidéo montrant un fils du leader libyen, Seif Al-Islam, armé d'un fusil automatique et haranguant des partisans de son père, a été postée sur le site Youtube. "Les gens disent que la police a pris la fuite, qu'elle a rejoint les agitateurs. Aujourd'hui nous leur montrons que la police est avec la Libye", dit-il, dans cette vidéo impossible à dater.
La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, qui doit s'entretenir lundi avec ses homologues à Genève en vue de préparer "l'après-Kadhafi" à l'occasion d'une réunion du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, a dit que son pays était "prêt à offrir toute forme d'aide" aux opposants libyens.
La France, de son côté, va envoyer deux avions français à Benghazi pour apporter de l'aide humanitaire.
Après les sanctions de l'ONU comprenant le gel des avoirs de M. Kadhafi à l'étranger, une interdiction de voyager et un embargo sur les ventes d'armes à la Libye, la Grande-Bretagne a décrété un gel des avoirs de la famille Kadhafi, évalués selon le journal The Telegraph à environ 23,4 milliards d'euros.
Le bilan des violences restait difficile à évaluer. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a parlé d'un millier de morts. A Benghazi seule, 256 personnes ont été tuées et 2.000 blessées, selon des médecins cités par la Croix Rouge internationale.
Face au chaos, les évacuations des ressortissants étrangers continuaient dans des conditions difficiles. Près de 100.000 personnes, majoritairement des travailleurs égyptiens et tunisiens, ont déjà quitté le pays via les frontières. A l'aéroport de Tripoli, des foules énormes attendaient de pouvoir partir.
Sur les marchés, les cours du brut étaient orientés à la hausse lundi dans les échanges électroniques en Asie face à l'instabilité grandissante au Moyen-Orient.
Selon un responsable de la compagnie libyenne Arabian Gulf Oil cité par le Wall Street Journal, les exportations de pétrole, interrompues depuis plusieurs jours, sont sur le point de reprendre à Tobrouk, ville de l'Est sous contrôle des insurgés.
La China National Petroleum Corp (CNPC), le principal producteur chinois de gaz et de pétrole, a annoncé avoir interrompu sa production en Libye.
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