TOUT EST DIT

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lundi 28 février 2011

Rupture en série

Pour le coup, c’est une rupture en série.

La séquence politique de ce week-end n’a ressemblé à aucune autre. A vrai dire, elle n’a ressemblé à rien. Elle a mis un terme à un épisode mais n’en a pas vraiment ouvert un autre. Et on se demande encore ce matin si, en la déroulant, le président avait un scénario mûrement composé ou s’il continue d’improviser, avançant sur un fil ténu suspendu au-dessus du vide.

Au fond, la disgrâce de Michèle Alliot-Marie n’est qu’un symptôme parmi d’autres des multiples hésitations qui semblent paralyser l’imagination de l’Élysée. A commencer par le choix des hommes dont le président a, étrangement, annoncé lui-même la nomination : si l’arrivée d’Alain Juppé au Quai d’Orsay s’est imposée naturellement, - il fait l’unanimité parmi les diplomates - le départ de l’Intérieur de Brice Hortefeux, remplacé par le solide Claude Guéant semble avoir surpris «l’ami de 30 ans» de Nicolas Sarkozy. La Défense, finalement confiée au revenant Gérard Longuet, ne sera pas pour lui… Ainsi, ce remaniement qui semblait pourtant simple a tourné au casse-tête et basculé dans le subliminal et le pathos. Qu’a donc bien voulu dire le chef de l’État en expliquant que cette réorganisation presque complète des ministères régaliens lui permettrait de mieux protéger les Français ? Fallait-il en déduire, par l’absurde, que l’équipe «de professionnels» mise en place il y a seulement trois mois à l’occasion du remaniement était vulnérable, voire faible, et que l’opération avait été un échec ?

L’intervention présidentielle toute entière a oscillé, elle aussi, entre deux discours. Le jour même de la démission du premier ministre tunisien, on attendait l’esquisse d’une nouvelle politique arabe et on a eu surtout des généralités aussi généreuses que tardives sur l’Histoire en marche, assorties d’un appel à l’Europe balançant entre le refus de la peur devant l’inconnu et l’évocation de la menace d’une submersion de l’immigration maghrébine. Fallait-il entendre la confiance optimiste devant les promesses de démocratie sur la rive sud de la Méditerranée ou la crainte frileuse, même si elle n’est pas exclusivement hexagonale, de leurs vagues migratoires ? Un peu des deux sans doute. Le président qui aurait tant voulu rassurer aura laissé de ses six minutes d’antenne un sentiment d’impuissance anxiogène. S’il a dominé son intervention avec aisance et style, il a montré aussi un voile de doute tellement inhabituel chez lui qu’il a flotté spectaculairement sur la prestation présidentielle. Était-ce donc du désarroi ? Une vraie lassitude, peut-être…

Ce n’était pas du de Gaulle en tout cas, ni du Mitterrand, ni du Chirac, ni même du Sarkozy version 2007. Il manquait le souffle tragique et inspiré du Général qui, dans l’incertitude algérienne, avait eu la grandeur de demander : «Français, aidez-moi!».

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