TOUT EST DIT

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jeudi 31 mars 2011

Des dieux et des hommes...

Les éditorialistes ne sont donc plus les seuls à l’écrire: l’organisation d’un débat sur la laïcité par l’UMP est une initiative dangereuse.

Si les représentants des six grandes religions ont pris la peine de signer ensemble une déclaration commune rappelant «les risques de stigmatisation» de l’opération et de son agenda - à un an de la présidentielle! - ce n’est pas par antisarkozysme borné. C’est bien parce qu’ils redoutent l’instrumentalisation à des fins électoralistes du bien précieux que constitue la laïcité. Marine Le Pen, la première, a très habilement montré l’usage qu’on pouvait en faire.

Il n’est pas illégitime, pourtant, que les Français s’interrogent sur l’actualisation d’un concept aussi fondamental pour notre république. Mais ce n’est pas le rôle d’«un seul parti» - fut-il le plus important de la majorité - dont la première idée, parfaitement assumée, était de s’interroger sur «la place de l’islam dans la société française», un premier intitulé suspect que Jean-François Copé a aujourd’hui toutes les peines à faire oublier.

Nous sommes en France et on peut évidemment débattre de tout. À condition de le faire en étant délivré de tout intérêt partisan, pour que l’introspection soit à la hauteur d’une grande nation responsable et respectueuse de tous ses citoyens.

C’est précisément ce qu’avait réussi la commission Stasi, de juillet à décembre 2003. Sa mission? (alors fixée par Jacques Chirac). Réfléchir sur «l’application du principe de laïcité». On était déjà pile dans la cible... Ses membres - enseignants, chercheurs, juristes, politiques, chefs d’établissement, démographes... - reflétaient toutes sortes d’intelligences et représentaient les sensibilités les plus diverses. Ils avaient auditionné, au Sénat, plus de 140 personnes, des ministres - comme Nicolas Sarkozy - aux lycéennes les plus anonymes. Subtilement équilibré, imprégné de toute la complexité de la diversité française, leur rapport, presque unanimement salué, avait ouvert la voie à l’adoption de la loi sur l’interdiction des signes religieux ostentatoires à l’école.

Mais ce n’était que la plus spectaculaire des 28 propositions que ces sages avaient faites pour que l’État «réaffirme des règles strictes afin que le vivre ensemble dans une société plurielle puisse être assuré».

Seule une demi-douzaine de ces recommandations fut suivie d’effets. Des «accommodements raisonnables» qu’il fallait trouver pour les situations sortant du champ de la loi de 1905 à l’interdiction de récuser le personnel soignant dans les hôpitaux, toutes les questions que l’on fait mine de redécouvrir aujourd’hui comme des scandales nouveaux étaient posées et des réponses suggérées, pourtant.

Pourquoi faudrait-il aujourd’hui repartir de zéro et continuer de les ignorer, au nom d’un populisme aussi cynique qu’amnésique?


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