Bahreïn, Iran, Yémen et désormais Libye : les manifestations se multiplient dans le monde arabo-musulman cette semaine.
La démission d'Hosni Moubarak, chassé du pouvoir par la rue en Égypte vendredi, a relancé les espoirs de changement dans plusieurs pays du monde arabe, théâtre d'importants mouvements de contestation en ce début de semaine. Dernière nation touchée, laLibye, tenue depuis 42 ans par le colonel Kadhafi.
Dans la nuit de mardi à mercredi, la police libyenne a dispersé par la force un sit-in contre le pouvoir à Benghazi, dans l'est du pays, faisant trente-huit blessés. Plusieurs centaines de personnes ont affronté des policiers renforcés par des partisans pro-gouvernementaux, après l'arrestation d'un militant des droits de l'homme. Cet avocat défendait la cause des manifestants, pour beaucoup des proches des prisonniers tués en 1996 dans une fusillade dans la prison d'Abou Slim à Tripoli. Ces heurts interviennent à la veille de la «journée de colère» libyenne prévue jeudi, et relayée sur Facebook.
Deux manifestants tués au Yémen
La tension est également forte au Yémen. Mercredi, deux manifestants ont été tués à Aden, dans le sud du pays, par les tirs des forces anti-émeute. Dans la capitale de Sanaa, des centaines de jeunes manifestaient pour la quatrième journée consécutive. Ils ont été dispersés à coups de gourdin par les partisans du président Ali Abdallah Saleh. Ce dernier est à la tête du pays depuis 32 ans et a déjà fait plusieurs concessions aux manifestants qui exigent son départ. Comme l'avait fait Moubarak en Égypte avant de démissionner, il a promis de ne pas se représenter en 2013 et a renoncé à imposer son fils pour lui succéder. Le pouvoir a également ouvert un dialogue avec l'opposition parlementaire, qui ne s'est pas associée aux manifestations du début de semaine.À Bahreïn, deux personnes sont mortes depuis lundi lors de la dispersion de manifestations antigouvernementales. Plus de deux mille personnes ont pris part mercredi aux obsèques de l'une des victimes, scandant «le peuple veut la chute du régime». Dans la capitale de Manama, des centaines de manifestants ont passé la nuit dans des dizaines de tentes érigées sur la place de la Perle, rebaptisée par les manifestants «Place Tahrir» (Libération), à l'instar de celle du Caire , épicentre du soulèvement contre Hosni Moubarak.
À la suite de ces deux décès, le ministre bahreïni de l'Intérieur s'est excusé et a annoncé l'arrestation des responsables présumés de leur mort au sein des forces de sécurité. Mardi après-midi, le roi avait également fait profil bas pour tenter de calmer les esprits. Dans un discours au ton conciliant, le monarque de ce petit royaume du Golfe gouverné par une dynastie sunnite, alors que 70% de la population est chiite, a promis la création d'une commission d'enquête. «Les réformes se poursuivent à Bahreïn et ne s'arrêteront pas», a-t-il martelé.
Répression violente en Iran
L'agitation a aussi gagné l'Iran où, après plus d'un an de silence, les opposants au régime sont redescendus dans la rue lundi. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Téhéran et dans d'autres villes du pays. L'objectif officiel de l'opposition était de «soutenir la lutte des peuples égyptien et tunisien». Certains slogans visaient cependantle président Mahmoud Ahmadinejad et l'ayatollah Ali Khamenei, comme le montrent plusieurs vidéos d'amateurs. Deux partisans du régime ont été tués dans ces manifestations. Les obsèques de l'un d'entre eux ont donné lieu à des incidents mercredi entre pros et antis-gouvernement.Les mouvements de révolte semblent également inquiéter l'Autorité palestinienne, en crise de légitimité après la débâcle des régimes alliés tunisien et égyptien. Le président Mahmoud Abbas a chargé lundi le premier ministre Salam Fayyad de former un nouveau gouvernement. En Jordanie, face au mouvement de contestation qui s'est développé depuis janvier, le ministre de l'Intérieur a annoncé mardi un assouplissement de la loi sur les rassemblements publics, qui pourront désormais se tenir sans autorisation préalable. Enfin, en Algérie, la Coordination nationale pour le changement démocratique (CNCD) organise une nouvelle «marche pacifique» samedi prochain.
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