En outre, le mécanisme d’offre et de demande pose un gros problème. Si les marchés anticipent une hausse des prix, ils vont donc acheter davantage de matières premières, augmentant donc la demande et les prix, dans un nouveau phénomène auto-réalisateur, sans se soucier des conséquences dramatiques de leurs actes. En clair, la marchandisation de la production agricole augmente encore une volatilité des prix assez unique (les prix des biens et des services étant beaucoup plus stables).
Relocalisation et réglementation
Pire encore, la libéralisation, en poussant à la concentration de la production dans un nombre moins important de zones géographiques, accentue la volatilité des récoltes et donc des prix. En effet, plus la concentration est grande, plus les aléas climatiques dans une zone conduisent à des effets importants. Si la production était moins concentrée, un aléa climatique en Russie ou en Australie ne provoquerait pas tant de mouvements sur les marchés agricoles.
En outre, il est bien évident que d’un point de vue écologique, il serait mieux de favoriser la relocalisation de l’agriculture. Si aujourd’hui il peut être rentable de faire parcourir des milliers de kilomètres à certaines productions qui pourraient pourtant être produites dans le pays importateur, c’est uniquement parce que le coût environnemental du transport n’est pas pris en compte (puisque le fuel, notamment pour les bateaux, mais aussi les camions, n’est peu ou pas taxé).
Plus globalement, parce qu’une carence de produits agricoles n’est pas comme une carence de téléviseurs, et qu’elle peut provoquer désolation et famine, il est essentiel de soustraire en partie cette activité des seuls mains du marché, dont les conséquences des excès sont trop dramatiques. L’autosuffisance alimentaire doit pouvoir être considérée comme un objectif pour les pays qui le souhaitent, même si cela consiste à avoir des prix plus élevés et à introduire des restrictions fortes pour les importations.
Enfin,
il est essentiel de permettre aux agriculteurs de gagner leur vie par leur travail (et pas par des subventions). C’est pour cela qu’il est malheureux que l’Europe ait mis fin aux prix de soutiens qui garantissaient un revenu décent et minimum. Il est inadmissible que leur dur travail ne leur permette pas de gagner normalement leur vie et qu’ils soient les variables d’ajustement de marchés libéralisés dont profitent à plein les spéculateurs et le monde de la finance.
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