TOUT EST DIT

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jeudi 4 novembre 2010

En décalage

Il a assumé, avec le cran qui caractérise le personnage. Mais cette fois on a bien senti que le panache et le verbe seraient insuffisants pour prendre la défaite de haut. Le style particulier, la voix, et cette gestuelle inimitable qui avaient tant servi le candidat Obama sont devenus des accessoires, mais ne sont plus une force. Ce solide arsenal, en tout cas, ne pourra pas faire oublier le cinglant message des urnes et ignorer le rouleau compresseur républicain.
Ce n'est pas un simple avertissement que les électeurs américains ont adressé au président des États-Unis. C'est un message de désamour. L'expression d'une déception mêlée d'incompréhension. Invoquées par le chef de la Maison Blanche, la crise et la lenteur de la reprise ne constituent qu'un des ressorts du résultat, même s'il est le plus mécanique. Barack Obama porte une part personnelle importante dans l'échec.
Ce n'est pas parce qu'il aurait été « trop à gauche » qu'il a affaibli son camp, mais plutôt parce qu'il a manqué d'audace pour marquer sa présidence. La promesse de rupture qui enveloppait l'Obama de 2008 n'a pas été tenue. Bien élu il y a deux ans, le président apparemment le plus iconoclaste de l'histoire récente des États-Unis a péché par conformisme. Là où Franklin Roosevelt avait instantanément imprimé sa marque (dès 1934), Barack Obama a temporisé, ménagé, calculé, y compris sur la réforme de l'assurance maladie, qui peut apparaître aujourd'hui comme une cote mal taillée. L'empreinte qu'il laisse derrière lui à mi-mandat est hésitante. Elle est beaucoup plus petite et incertaine que ne le laissait imaginer la stature mondiale et universelle du personnage.
Aux yeux de nombre d'Américains, pas seulement conservateurs, ce président est resté celui d'une caste de politiciens dont il a épousé les codes et les réflexes. Celui que ses adversaires présentent comme un dangereux « marxiste » a été finalement proche de Wall Street, par ses stratégies de relance... mais aussi par les choix de ses hommes. Pendant que des milliers d'Américains basculaient dans la faillite, le chômage ou la précarité, lui remettait le système à flot...
Cette distance-là a beaucoup pesé finalement. Même si le résultat des candidats du Tea Party est finalement mi-chèvre, mi-chou, l'idéologie de leur mouvement - le bon sens des honnêtes gens - et la contestation de « Washington » ont gagné du terrain. Le parti républicain, sous la pression, ne va pas avoir d'autre choix que de tenir compte de cette poussée ultra-conservatrice, ce qui augure fort mal de l'avenir de la main tendue du président. La cohabitation des deux chambres du Congrès va inévitablement produire un effet législatif paralysant sur lequel le volontarisme du président sera inopérant. Mauvaise nouvelle...


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