TOUT EST DIT

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jeudi 10 février 2011

L'impératif moral

s'il y a bien une redoutable difficulté dans la prestation de Nicolas Sarkozy, ce soir, sur le plateau de TF1, elle est plus dans le format de l'émission que dans le contexte dans lequel elle intervient. Pour un chef de l'Etat, quel qu'il soit, s'exprimer, en direct, devant des Français ordinaires invités au seul dessein d'exposer leur cahier de doléances personnelles, est toujours un ambitieux défi. Il faut un art consommé de la rhétorique pour trouver dans l'immédiateté du média télévisuel les réponses à équidistance de l'interlocuteur et du téléspectateur. Savoir répondre à l'un tout en parlant à tous. Accorder au cas particulier l'intérêt qu'il mérite et susciter celui de la nation assise dans son salon. Se faire élu local sans oublier son mandat de président. Parler à chaque Français et à la France, voilà la vraie complexité de l'exercice.

Elle n'est pas dans ces « affaires » censées venir brouiller l'écran : les vacances tunisiennes de Michèle Alliot-Marie et égyptiennes de François Fillon. Elle n'est pas non plus dans la fronde de magistrats qui veulent être entendus mais font la grève des audiences. D'abord parce que Nicolas Sarkozy n'esquive pas ces écueils : il l'a encore montré hier en définissant de nouvelles règles de rigueur pour les vacances ministérielles. Ensuite parce que ces spasmes de l'actualité sont le quotidien du président depuis son élection. C'est la rançon de son activisme et de son ambition. A-t-il jamais fait une émission sans pression, contestation, confrontation ? Voici un an, c'était l'affaire de la « double casquette » et de la double rémunération d'Henri Proglio, alors à la tête d'EDF et de Veolia, qui devait parasiter le premier numéro de « Paroles de Français ». Pas un des invités n'évoqua le sujet.

Aujourd'hui comme hier, sur l'agenda personnel des Français, il y a sans doute le voeu récurrent quoique utopique d'une République impeccable, mais il y a surtout le souhait ardent, urgent de l'emploi, du niveau de vie, du logement. Or nul n'a oublié que l'an passé, devant semblable public, Nicolas Sarkozy avait annoncé une baisse du chômage. Elle n'a pas eu lieu. C'est sur sa capacité à faire reculer ce mal français qu'il est attendu dans l'année qui vient, dut-il par pragmatisme rouvrir provisoirement les vannes de l'emploi aidé, coupées six mois trop tôt. Le regain de la croissance détecté en ce début 2011 devrait aider le président à redonner aux Français cette confiance en eux, qui les a abandonnés. Chômage, croissance, confiance : ce soir, le président ne doit pas seulement rétablir une morale publique, mais restaurer un moral collectif.

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