On le sait, le président de la République aime la télé depuis toujours. Et ce soir la télé le lui rendra bien. En ces temps turbulents où la popularité de l’exécutif sombre dans les tempêtes des fronts polémiques successifs, le seul endroit où Nicolas Sarkozy peut se mettre vraiment à la cape, c’est un studio de TF1. Il n’y court aucun péril et la nature bienveillante du sympathique Jean-Pierre Pernaut le préservera à coup sûr des mauvaises ondes.
Regardons bien le programme: il ne s’agira pas d’une émission d’information - il ne faut pas trop en demander - mais d’un magazine participatif, comme dirait Ségolène Royal, puisque l’Élysée en a réglé les détails, modelé le contenu et choisi les acteurs. En grand professionnel du petit écran, le chef de l’État, qui a un goût très modéré pour l’improvisation, a prévu de gérer l’imprévisible avec le plus grand naturel.
Ils seront donc neuf, ces Français représentatifs du pays, réunis à la manière d’un huis clos d’Agatha Christie. Triés sur le volet, comme dans un de ces castings dont la chaîne Bouygues a désormais le secret, ils confronteront donc les épreuves de leurs quotidiens aux répliques du gladiateur au centre de l’arène. Un one man show classique qui, lors de la dernière édition, a tourné à la réunion Tupperware où le candidat avait plutôt bien réussi son numéro d’un soir.
Les journalistes hors jeu? Pourquoi pas si c’est au bénéfice de la spontanéité et de la fraîcheur? Le président, qui cache de moins en moins son rejet des corps intermédiaires, a bien le droit de parler en direct à ses concitoyens, non? Mais il aime de moins en moins les exercices sans filet. Lors de la dernière conférence de presse, le nombre des questions était très limité. Cette fois, ce seront les thèmes qui seront cadrés, avec quelques interdits préalablement édictés.
Dès lors, on est en droit de s’interroger sur l’intérêt pour notre vie démocratique d’un tel objet de communication dont l’objectif promotionnel est affiché sans complexe. Il s’agit d’amorcer l’entrée dans la séquence présidentielle du vainqueur de 2007. De montrer son nouveau style: calme. D’afficher son détachement par rapport aux affaires qui secouent des membres de son gouvernement puisque les mauvais coups du hasard ont fait coïncider les révélations embarrassantes sur les vacances de François Fillon et de MAM avec ce grand rendez-vous télévisuel.
Le président a fait savoir qu’il ne redoutait pas l’inconnu de cette soirée à la carte. Et qu’il la préparait même avec un certain plaisir, tout à l’idée d’en découdre et de reprendre la main. Ce n’est pas surprenant. Il y aura sans doute quelques formules, quelques annonces et même quelques duels. Mais cet épisode trop bien scénarisé ne sera certainement pas de nature à raviver la passion, émoussée, des Français pour le film politique.
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