TOUT EST DIT

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jeudi 10 février 2011

La Jordanie tente d'éviter la tourmente

Après la Tunisie et L'Egypte, la Jordanie essaie de faire face à la contestation, alors que la reine est accusée de corruption.
Confrontée elle aussi au vent de contestation qui souffle sur le monde arabe, la Jordanie s'est dotée, ce mercredi, d'un nouveau gouvernement incluant des personnalités proches de l'opposition, dont la principale mission sera d'entamer des réformes. 


Mais le principal mouvement d'opposition, le Front de l'action islamique (FAI), a refusé de participer à ce gouvernement, regrettant que ce cabinet "ressemble aux précédents". Même son de cloche chez les Frères musulmans: "Le peuple jordanien ne croit pas aux promesses et ne s'intéresse pas aux discours, il veut des actes", a déclaré le porte-parole de la confrérie, Jamil Abou Bakr qui a annoncé la poursuite des manifestations " sous différentes formes jusqu'à l'adoption de réformes par le gouvernement". 
L'opposition réclame en premier lieu une révision de la loi électorale et des lois sur les libertés publiques. Face à ce mouvement, le roi Abdallah II a limogé le 2 février son Premier ministre Samir Rifaï et chargé Maarouf Bakhit de former un nouveau gouvernement et de proposer un vaste programme de réformes politiques et économiques. Après une semaine de consultations, Maarouf Bakhit, 64 ans, et ses 26 ministres ont prêté serment mercredi. 
La fronde des tribus, piliers du régime
La grogne a récemment pris une nouvelle tournure avec des critiques directes et sans précédent contre la reine Rania accusée de "corruption" par de grandes tribus jordaniennes, piliers du régime. Ce texte brise un tabou dans un pays où les critiques visant la famille royale sont passibles de trois ans de prison. Le train de vie de la reine Rania, souvent citée parmi les femmes les plus influentes au monde, fait régulièrement l'objet de critiques. 
"Nous demandons au roi Abdallah d'ordonner la récupération par le Trésor des terres et de fermes enregistrées au nom de la famille Yassine (famille de la reine Rania) alors qu'elles sont la propriété du peuple jordanien", a indiqué un communiqué signé par 36 personnalités appartenant aux grandes tribus. 
 Nous continuons à être loyaux au trône hachémite, mais nous estimons que le roi Abdallah doit mettre fin aux abus de son épouse et de sa famille 
Les signataires du document, appartenant à de grandes familles bédouines, traditionnellement loyales à la famille régnante hachémite, estiment que la Jordanie "traverse une crise du pouvoir" et que le pays "sera tôt ou tard la cible d'un soulèvement semblable à la Tunisie et l'Egypte". Ils exigent "le jugement des corrompus qui ont pillé le pays, quels qu'ils soient et quels que soient leur rang et leur importance". "Nous continuons à être loyaux au trône hachémite, mais nous estimons que le roi Abdallah doit mettre fin aux abus de son épouse et de sa famille, sinon le trône sera en danger", a déclaré un membre d'une grande tribu, sous couvert de l'anonymat. 
Le syndicat de la presse jordanienne, qui s'aligne couramment sur les positions du pouvoir, a dénoncé mercredi dans un communiqué "le manque de professionnalisme de l'AFP, de Reuters et des télévisions satellitaires, qui ont publié des communiqués et des positions politiques exprimées par un nombre restreint de citoyens qui ont dépassé les limites acceptables de la critique et de l'opposition légitime". 
La question des Jordaniens d'origine palestinienne
Le texte des tribus bédouines accuse aussi la reine d'avoir établi des "centres de pouvoir pour ses propres intérêts, qui vont à l'encontre des intérêts des Jordaniens et constituent un danger pour la nation". Ces accusations font référence à des informations, non confirmées, selon lesquelles le bureau de la reine, elle-même d'origine Palestinienne, aurait facilité la naturalisation de 78.000 Palestiniens entre 2005 et 2010. Les Jordaniens de souche craignent que la naturalisation d'un grand nombre de Palestiniens ne facilite un plan israélien qui, selon eux, veut transformer la Jordanie en patrie de substitution pour les Palestiniens. Ces derniers constituent déjà près de la moitié de la population jordanienne (6,3 millions).  
 

Gouvernement d'ouverture

Le nouveau gouvernement comprend un islamiste indépendant, ancien adjoint du chef des Frères musulmans, qui devient ministre des Affaires religieuses.
Plusieurs ministres du courant nationaliste proche de la gauche font leur entrée, ainsi qu'un journaliste libéral rédacteur en chef du quotidien indépendant al-Arab al-Yom.
La nouvelle équipe ne compte plus que deux femmes, contre trois dans la précédente.
La grande majorité des membres du gouvernement ont une soixantaine d'années. Les Jordaniens avaient critiqué les résultats des jeunes technocrates occidentalisés très présents dans le gouvernement sortant. 

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