TOUT EST DIT

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jeudi 27 janvier 2011

Matières premières : l'arbre et la forêt

Autant le dire toute de suite, casser la spéculation financière sur les matières premières - à supposer que cela soit possible -ne suffira pas à réduire la volatilité des prix des ressources naturelles. Encore moins à enrayer l'envolée des prix entamée l'an dernier et qui est bien partie pour se poursuivre, si l'on en croit les experts du CyclOpe. En fait, la formation du prix des matières premières agricoles ou industrielles repose schématiquement sur trois piliers. L'impact de la spéculation financière, c'est vrai, mais aussi les variations des devises de cotation (le dollar souvent), et surtout l'évolution du couple formé par l'offre et la demande. Or, dans une période de reprise économique globale comme celle que nous traversons, le redémarrage de la demande physique constitue un moteur suffisamment puissant pour doper les cours à lui seul.

Dans ces conditions, résumer le débat sur le moyen de domestiquer le prix des matières premières à la seule question de la spéculation revient à occulter une part importante des déterminants. Elle revient aussi à accréditer l'idée que les marchés financiers dictent le cours des matières premières, alors même qu'ils ne font souvent qu'accompagner un mouvement plus profond.

Plus peuplé et plus développé, le monde va devoir apprendre à vivre avec des matières premières plus chères. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il faut considérer comme une fatalité le renchérissement du blé, du cuivre ou du zinc, par exemple. Bien au contraire. Les risques que fait peser cette inflation galopante sur la croissance économique globale à peine retrouvée et sur l'approvisionnement en produits alimentaires des pays les plus fragiles nécessitent qu'on s'y intéresse de très près. C'est précisément l'une des ambitions de la présidence française du G20. Et c'est une chance. Il est temps de prendre des mesures volontaristes afin d'assurer une meilleure transparence sur les marchés physiques, de mettre de l'ordre sur les marchés dérivés ou de créer des stocks d'urgence pour éviter les flambées soudaines des cours liées à des catastrophes naturelles, comme Paris le propose.

Il serait toutefois dommage de condamner cette ambition à l'échec en s'enfermant dans une polémique stérile sur le poids de la spéculation financière.

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