TOUT EST DIT

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jeudi 27 janvier 2011

L’Europe, anti-modèle pour l’Asie du Sud-Est

A l’ombre de la Chine, les pays de l’Asie du Sud-Est, Japon compris, accélèrent leur intégration, mais ne veulent pas entendre parler d’Union à l’européenne : l’UE est née de la Seconde guerre mondiale, commentait cet après-midi un grand patron thaïlandais à l’humour noir, nous on n’a pas eu la guerre, peut être qu’il en faudrait une pour y arriver. »

En attendant, le commerce intra-régional qui représentait 33% des échanges de l’Asie avec le monde en 1990 est passé à 43% vingt ans plus tard. Les accords croisés d’investissements et d’échanges se multiplient. Et l’Asie du Sud en profite largement : le revenu par tête de Singapour a dépassé celui du Japon en 2007. Mais comme le faisait remarquer un haut représentant japonais, cette intégration de facto n’a pas contribué à la réduction des disparités entre les pays de la zone : le revenu par tête de Singapour est désormais cent fois plus élevé que celui de Myanmar. Davantage d’intégration institutionnelle devrait contribuer à la réduction des écarts, pense-t-il. Car pour le représentant des syndicats de Malaisie, si trouver un job n’est pas un problème, pour les cinq à six millions de migrants dans la région en trouver un qui dure en est un vrai, la concurrence entre les Etats pour attirer les investissements et offrir les meilleures conditions de flexibilité se faisant au détriment de la qualité des emplois. Un discours qui pour le coup sonne européen.

Mais on s’arrête là : l’intégration institutionnelle ne se fera pas à l’européenne : « en ce moment l’UE nous montre plutôt ce qu’il ne faut pas faire » résumait un investisseur malais. Pour l’universitaire singapourien Kishore Mahbubani, si l’Europe a été un bon modèle politique ce n’est pas le cas sur le front économique. Quant à l’ouverture des frontières, l’Asie présente une trop grande diversité de religions et de régimes politiques pour se le permettre.

Se fera-t-elle alors sous l’égide monétaire de la Chine ? La convertibilité progressive du renminbi passe déjà par des accords d’échanges de devises avec les principaux partenaires régionaux de la Chine dont elle est désormais le premier client-fournisseur (Japon, Corée, Vietnam, etc). La question est encore taboue : « à Washington, Monsieur Hu a bien dit que le système monétaire actuel appartenait au passé, mais il n’est pas clair que le renminbi soit l’avenir », a réagi l’investisseur malais. « Les pays de l’ASEAN veulent conserver leur identité à tous les niveaux, y compris celui de la monnaie, a conclu le représentant du Japon. Et puis les soucis de l’euro ont refroidi toute passion envers une monnaie unique. »

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