TOUT EST DIT

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jeudi 27 janvier 2011

Leçon tunisienne

La "Révolution du jasmin", qui a sonné la fin du régime de Zine el Abidine Ben Ali en Tunisie, a été essentiellement le fait de jeunes (60% de la population a moins de 30 ans), étudiants (34,6% des 19-24 ans) ou diplômés, sans emploi (30% des jeunes — 22% des jeunes diplômés — sont au chômage) et reliés à la Toile (33,4% de la population avait accès à Internet en 2009).

Sans perspectives professionnelles — et donc familiales — et prisonniers d’un système politico-économique cadenassé et corrompu, ils ont pris leur destin en main, assénant à ce système un coup que l’on espère fatal.

Sur l’autre rive de la Méditerranée, des millions de jeunes diplômés jonglent avec des emplois précaires (quand ils en ont un) et se heurtent à des systèmes politico-économiques sclérosés ou verrouillés — notamment en Italie et en Grèce.

Si leur situation n’est qu’en partie comparable à celle de leurs camarades tunisiens, leur malaise face à l’avenir est tout aussi important, toutes proportions gardées. Et s’il n’est pour eux pas question de renverser les régimes démocratiques en place, leur révolte se manifeste à la fois par le désintérêt vis-à-vis de la politique (les 18-24 ans sont la classe d’âge qui vote le moins) et par une adhésion aux partis aux positions les plus affirmées. Mais ils sont encore capables d’exprimer collectivement leur colère, comme on l’a vu lors des manifestations qui ont émaillé l’Europe à l’automne.

Leur révolte ne parvient toutefois pas à secouer les responsables politiques, car les jeunes sont aujourd’hui minoritaires — seul un Européen sur cinq a moins de 20 ans — et ils sont loin de la masse critique nécessaire pour faire basculer les choix politiques à leur avantage.

Les leaders européens semblent en être bien conscients, et leur attitude vis-à-vis des jeunes, qui se manifeste entre autres par la systématicité avec laquelle les budgets de l’éducation et de la recherche sont rognés, témoigne de l’importance qu’ils leur attribuent. Mais s’il y a une leçon, parmi tant d’autres, que l’on peut tirer de la "Révolution du jasmin", c’est qu’à force de brimer la jeunesse, elle vous éclate à la figure tôt ou tard.

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