Après avoir lancé le canon sous la forme d'un livre décrivant toutes ces oeuvres, Brian Mikkelsen avait affirmé que cette initiative faisait partie d'une lutte contre les tendances antidémocratiques de certains milieux de l'immigration musulmane.
Enfin fier de sa "danéité"
Cinq ans après, le vif débat qui a accompagné cette opération est largement retombé. "Si le lancement du canon culturel a été un jour important", remarque le Berlingske, "ce n'est pas à cause du contenu du canon, mais parce qu'un gouvernement non-socialiste avait osé faire ce qui, pendant tant de décennies, n'avait pas été de très bon ton : dire haut et fort que certaines choses sont meilleures que d'autres. Signaler que même si nous sommes une société moderne dans un monde globalisé, nous avons beaucoup de mérites en tant que nation, et que nous avons le droit d'en être fiers.Sans risquer d'être taxé de chauvinisme et de romantisme national".De fait, constate le quotidien, "il n'est plus tabou de penser en termes de canon". Aujourd'hui, cependant, "il est possible que le canon culturel ne soit plus très lu ni utilisé. Il est en tout cas difficile de mesurer ses effets. Mais il était une offre, pas une exigence." Et aujourd'hui, "il symbolise l'époque nouvelle où nous avons osé ne plus avoir honte de nous-mêmes, et où l'on accepte de nouveau d'établir une différence entre le bon et le moins bon".
"Que la population du pays ait la possibilité d'étudier les oeuvres nationales les plus importantes n'est ni nationaliste ni une obligation étatique. C'est du bon sens", considère de son côté le Kristeligt Dagblad. Le quotidien protestant ajoute que "dans les cinq années qui se sont écoulées depuis le lancement du canon, la pression de l'industrie du divertissement s'est renforcée, et les tendances X-factor [une émission dans laquelle des gens ordinaires peuvent devenir des stars] se sont multipliées. Pour lutter contre cela, un canon n'est pas la pire arme que l'on puisse porter."
La notion de menace renforcée
Mais alors que l'immigration suscite des tensions et que le gouvernement n'est majoritaire au Parlement que grâce au soutien de l'extrême droite, affirmer cette "danéité" reste très polémique. Dans Politiken, la chroniqueuse Rushy Rashid s'adresse directement à Brian Mikkelsen, aujourd'hui ministre de l'Economie et du Travail : "Le combat culturel et sur les valeurs que tu essaies de mener avec ton canon culturel n'a fait qu'aggraver la distance [entre Danois et non-Danois] et renforcer dans notre société la notion de menaces et d'ennemis"."Pourquoi continuons-nous à débattre pour savoir si nous sommes une société multiculturelle ?, interroge la journaliste. Pourquoi ne pas seulement constater cette évolution dans nos actes ?". Pour Rushy Rashid, le Danemark devrait suivre l'exemple du Royaume-Uni, de la Suède ou de la France, où les gens sont fiers de la romancière Zadie Smith, née d'une mère jamaïcaine et d'un père anglais, du romancier Jonas Hassen Khemiri, de mère suédoise et de père tunisien, et de la dessinatrice française d'origine iranienne Marjane Satrapi.
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