TOUT EST DIT

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jeudi 27 janvier 2011

“Le PS prépare des primaires de bobos !”

Le chiraquien Christian Jacob, ex-président du Centre national des Jeunes Agriculteurs (CNJA), aujourd’hui bras droit de Jean-François Copé, est président du groupe UMP à l’Assemblée nationale.

Le débat sur l’euthanasie est finalement reporté à plus tard. Forcément, vous, vous vous en réjouissez !
CHRISTIAN JACOB On a un bon texte avec la loi Léonetti. Elle permet l’accompagnement des malades en fin de vie, en mettant au cœur du dispositif les médecins et la famille. C’est un texte équilibré sur un sujet à la fois capital et passionnel. Il y avait eu, avant cette loi, un travail de fond. Je suis d’avis que l’on n’y touche pas.

« Après le drame Laëtitia, on n’a pas le droit de tourner la tête pudiquement »

F.-S. Nicolas Sarkozy réclame des initiatives après le drame de la jeune Laetitia à Pornic. Il a raison ?
C. J. Je partage son indignation. Chaque fois qu’on est confrontés à des drames comme celui-là, c’est notre devoir de nous interroger. Comment cela a-t-il pu arriver ? S’interroger, ce n’est pas nécessairement légiférer. Faut-il compléter notre dispositif législatif ou passer par la voie réglementaire ? Y a-t-il eu dysfonctionnement ? Nous avons trois mois devant nous avant l’arrivée au Parlement du texte sur les jurés populaires. Ces trois mois, il faut qu’ils soient utiles. En tout cas, on ne peut pas tourner la tête pudiquement, et faire comme si rien ne s’était pas passé. Cela, ce n’est pas possible.

« Il y aura une vraie réforme fiscale »

F.-S. Le projet de l’Elysée de mettre en place des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels ne fait pas l’unanimité, c’est le moins que l’on puisse dire !
C. J. On aura une loi au mois de mai. Je fais un constat : il y a très peu de contestations des décisions prises en cour d’assises, et beaucoup plus de décisions prises en correctionnelle. Or la justice en France est rendue chaque fois au nom du peuple souverain. Le fait qu’elle soit rendue demain partout avec la participation des citoyens me semble plutôt une bonne idée.

F.-S. Va-t-on vers un « grand soir fiscal » ?
C. J. Il n’a jamais été question de « grand soir » mais, oui, il y aura une réforme. On y travaille. On fera un premier point d’étape au mois de mars. L’objectif central est simple : une fiscalité ne doit pas être un outil de pénalisation, mais d’incitation et de dynamisme. On est aujourd’hui loin du compte.

F.-S. Quand le député UMP Jérôme Chartier lance ses idées, il n’engage alors que lui ?
C. J. On a besoin de propositions. La taxation des plus-values sur la résidence principale, moi, je suis contre, mais Jérôme Chartier a fait là-dessus un travail intéressant et on a besoin, j’insiste, de gens qui mettent des idées sur la table. Aujourd’hui, la force de l’UMP, c’est d’animer le débat. Regardez la gauche aujourd’hui. Elle est complètement sclérosée, se contente de réagir, et n’a qu’un seul souci, gérer ses dix candidats aux primaires qui se regardent les uns les autres en chiens de faïence ! Eh bien, je préfère nos débats d’idées !

« Les bébés Chirac, ils ont pris quelques kilos ! »

F.-S. Christian Estrosi, le maire hyper-sarkozyste de Nice, s’inquiète de la multiplicité des débats « contre-productifs » à l’UMP !
C. J. Christian Estrosi fait partie des gens qui eux-mêmes lancent des débats ! N’a-t-il pas souhaité l’autre jour, à la faveur d’un point de presse, que la majorité pénale passe de 18 à 16 ans ? Bienvenue au débat !

F.-S. Vous considérez-vous comme un « bébé Chirac » ?
C. J. Les bébés, ils ont pris quelques kilos !… Cela dit, je fais partie de ces gens comme Baroin, Copé, et d’autres qui ont une filiation avec Jacques Chirac et qui la revendiquent. Il y a vingt ans, c’est lui qui nous a mis le pied à l’étrier. Je le vois une fois ou deux par mois. Quand on a été comme lui pendant quarante ans dans le top 2 de la vie politique française –président, Premier ministre où patron du plus grand parti de France – le jour où on décide d’arrêter, ce n’est pas pour faire une deuxième carrière de commentateur. J’ai énormément d’affection pour lui.

F.-S. Suit-il encore la vie politique ?
C. J. Vous en doutez ? Allons, il n’est devenu ni aveugle, ni amnésique, ni sourd.

F.-S. Bientôt, c’est l’heure de son procès…
C. J. Je ne sais pas comment exprimer ce que je ressens affectivement : pourquoi cet acharnement ?

F.-S. Souhaitez-vous un rapprochement Villepin-Sarkozy ?
C. J. On a un candidat naturel : le président de la République. C’est avec lui que l’on gagnera. Donc, tout ce qui peut être fait pour rassembler la famille, cela va dans le bon sens. Ce n’est pas à moi de donner des conseils à l’un ou à l’autre, mais je vous le dis : c’est l’intérêt général.

F.-S. Une candidature Borloo en 2012, cela vous choquerait-il ?
C. J. Je suis très réservé. Je ne crois pas aux coups de billard à trois ou quatre bandes. Vous savez, je suis quelqu’un de simple ; meilleur est le résultat au premier tour de la présidentielle, plus on a de chance de gagner au second.

F.-S. La gauche annonce qu’aux cantonales de mars la majorité va recevoir une « raclée »…
C. J. Méfions-nous des pronostics comme des sondages : c’est l’expérience du chiraquien que je suis qui parle. A ce stade, rien n’est joué. L’élection va se jouer localement. En tout cas, je le ressens comme ça...

F.-S. Mais vous savez qu’il y aura une interprétation nationale…
C. J. Après le scrutin, on fait les fromages, c’est classique. Mais ce sera d’abord du local, vous verrez.

F.-S. Le PS prépare son « opération primaires »…
C. J. Ce qui me choque dans ces primaires, c’est le mépris total du PS pour le monde rural. Il y a 36.000 communes, et il y aura seulement 10.000 bureaux de vote. Cela veut dire que, dans les campagnes, on dira aux gens : « Débrouillez-vous et prenez le bus si vous voulez aller voter ! » Je vais vous dire : ce sont des primaires de bobos et, en plus, il n’y a pas l’ombre d’un projet. Tout cela, c’est très américain ; c’est aux antipodes de notre culture comme de notre histoire.


«  Voyez-vous DSK faire le tour des gymnases ? »


F.-S. La candidature Strauss-Kahn, vous y croyez ?
C. J. J’ai toujours été sceptique sur sa candidature, et je le reste. Le voyez-vous entrer dans la bagarre ? Je le vois davantage prêt à être appelé et adulé que se retroussant les manches et faisant le tour des gymnases de France.

F.-S. Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, est-ce, pour l’équipe Copé, un « problème » ?
C. J. Un problème ? Sûrement pas. Jean-François Copé et moi, nous nous sommes fixé une ligne, et une seule : une ouverture totale au débat. Donc, tous ceux qui sont porteurs d’idées sont les bienvenus. La maison est grande ouverte. Mais la majorité a besoin d’être rassemblée. Alors je veux bien comprendre qu’ici ou là tel ou tel ait de l’amertume mais, avec ça, on n’avance pas et on ne sert pas l’intérêt général.

F.-S. Craignez-vous la montée en puissance du FN ?
C. J. Non. Le Front national ne vit que des problèmes et des difficultés. Donc, son seul souci, c’est qu’il y en ait un maximum. Dès qu’un problème est réglé, c’est une perte pour le FN. Demandez-vous par exemple pourquoi Mme Le Pen s’est opposée à la loi anti-burqa ! S’il n’y a plus demain de burqa en France, son fonds de commerce disparaît. Chaque fois qu’on va obliger Mme Le Pen à présenter des solutions précises, on la mettra en difficulté, vous verrez.

F.-S. Votre ami Copé n’aurait-il pas dû attendre avant de parler, si longtemps à l’avance, de la présidentielle 2017 ?
C. J. Aujourd’hui, son seul sujet, c’est 2012. Quand l’entendez-vous parler de 2017 ? Il l’a dit un jour et il l’assume, mais ce qui l’occupe, c’est de reconstruire l’UMP, d’en faire un parti porteur de projets, une « boîte à idées » pour le président de la République. Il n’a qu’une obsession, et nous avec lui : tout faire pour la réélection de Sarkozy. Il est là-dessus à 100 %. Point barre.

Un paysan en politique

Invité sur France 2 il y a quelques jours, Christian Jacob n’a guère été impressionné. « Les AG syndicales avec 300 paysans remontés, c’est un peu plus dur qu’Eric Zemmour », sourit-il. Parole d’ancien syndicaliste agricole qui militait déjà à 17 ans. BEP agricole en poche, « à 22 ans, je m’installe avec 6 hectares de prairie et 27 vaches laitières », raconte-t-il fièrement. Marié, père de deux enfants, il reprendra ensuite l’exploitation de ses parents, confiée à un couple d’agriculteurs depuis son entrée au gouvernement, comme ministre de la Famille, en 2002. Il refusera toujours d’être ministre de l’Agriculture, malgré les demandes répétées de Dominique de Villepin. Trop compliqué quand on a été leader syndical pendant presque vingt ans et qu’on connaît tout le monde, juge-t-il. Député de Seine-et-Marne depuis 1995, maire de Provins, plusieurs fois ministre de Jacques Chirac, il est aujourd’hui, à 51 ans, patron des députés UMP. « Mais je ne suis pas dans le moule. Comme on veut enfermer la classe politique dans un petit milieu bien refermé sur lui-même, des gens comme moi peuvent agacer. Mais moi, je l’assume. Cela m’amuse plutôt. »

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