TOUT EST DIT

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jeudi 5 juin 2008

Le capitalisme sans réponse


Face aux excès du capitalisme industriel du XIXe siècle, des réponses sont venues des contrepouvoirs démocratiques et syndicaux et, dans l'ordre intellectuel, d'une doctrine systématisée par l'analyse marxiste. Ses remèdes étaient discutables, mais son diagnostic, au moins en parti pertinent. Le capitalisme financier d'aujourd'hui ne connaît ni ce privilège ni cette menace. Le moment serait venu de lui opposer autre chose que le populisme tyrannique de Chavez, les agitations de Die Linke ou les anecdotes anticapitalistes de Besancenot. Ce ne serait pas tant par goût de la doctrine que par nécessité de formaliser le diagnostic pour appliquer le traitement.

Le spectacle du monde fournit le diagnostic : la crise actuelle du crédit, après les multiples autres krachs financiers, est la dernière sanction d'une finance enivrée d'elle-même, avide de rendements et de bonus, se jouant des contrôles. La spéculation effrénée sur le pétrole et les produits alimentaires détraque les références et affame les populations par l'effet combiné de la voracité des spéculateurs, de la corruption des décideurs et d'une certaine anarchie des marchés. Là-dessus, en pleine lumière grâce aux médias et comme sur un volcan, des dirigeants gloutons s'octroient des ponts d'or qui bravent l'économie, la morale ou simplement la pudeur. Les points communs de toutes ces dérives se résument en peu de mots. Une course aux profits, classique mais déconnectée de l'économie réelle ; une montée de comportements prédateurs d'une rare inintelligence économique et sociale.

Car cette accumulation de dysfonctionnements économiques et financiers commence à générer de dangereux et choquants problèmes de société. Les pays pauvres s'enfoncent dans le drame, les émergents dans des inégalités sociales criantes. Les nations anciennement industrialisées elles-mêmes voient s'alourdir leurs effectifs de pauvres et s'effilocher leurs classes moyennes, piliers traditionnels de leurs démocraties. Le mal, on le voit, excède largement le champ de l'économie, et plus encore le champ clos de la finance. Pour ce qui est d'elle, on connaît déjà les solutions techniques : contrôle strict des montages financiers par autodiscipline de la profession ou à défaut par réglementation rigoureuse, publicité organisée des rémunérations et des bonus par ailleurs restituables en cas de pertes sociales, fiscalisation de tous les avantages selon les règles élémentaires de la vie en commun... Mais, dans ce domaine comme dans celui des autres spéculations, les gouvernements sont liés par l'envie inavouée d'être le dernier à sévir, car les mouvements de capitaux plébiscitent les pouvoirs inexistants. A ce nouveau défi, une quelconque théorie marxiste ne pourra pas répondre, car elle traitait d'un capitalisme conquérant. Et il faut s'attaquer aujourd'hui à un capitalisme déliquescent.

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