TOUT EST DIT

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jeudi 27 janvier 2011

L'assurance du chômage

Face au diagnostic de maladie grave, passé l'accablement, le deuxième réflexe, mû par un instinct d'autodéfense, est de se protéger, de minorer la portée de l'affection. La tentation est forte d'appliquer cette stratégie de fuite à l'annonce surprise de la nette recrudescence du chômage, ce long mal français que l'on avait cru en voie de régression pendant les six premiers mois de 2010. Il y aurait de bonnes raisons de se rassurer. Même s'il a encore bondi en décembre, de 27.000, le nombre de demandeurs d'emploi sans aucun travail - les seuls vrais chômeurs -n'est, à fin 2010 (2,725 millions), que de 3 % supérieur à ce qu'il était un an plus tôt. Par rapport à la poussée de près de 20 % subie en 2009, la tendance, d'une année à l'autre, est donc à la stabilité. Quant aux dégâts provoqués par la crise sur l'emploi, ils restent, en France, bien moindres qu'aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni.

Mais se contenter de cela serait refuser de voir la vérité en face. Et la vérité, c'est que la dynamique du chômage redevient inquiétante. Cette accélération est à la fois explicable et inexpliquée. Elle s'explique par la fragilité financière persistante des entreprises, la rigidité persistante du marché du travail, le retrait persévérant de la perfusion des contrats aidés. Cependant, comme les médecins limités par l'état de la science, les économistes en sont réduits à formuler des hypothèses pour percer les ressorts de cette reprise du chômage, imprévue à ce niveau. Car ce qui étonne, c'est que cette mauvaise vague coexiste avec trois lames porteuses d'optimisme. La première est la vigueur retrouvée, quoique encore modérée, de l'emploi ; 100.000 postes ont été créés au cours des trois premiers trimestres de 2010, et le rythme semble s'être maintenu en fin d'année. La deuxième note positive vient des perspectives d'embauche, raisonnablement favorables, surtout dans les grands groupes. La troisième bonne vague est le recul des plans sociaux, trois fois moins nombreux qu'au plus fort de la crise.

Ce paradoxe apparent pourrait s'expliquer par une démographie peu favorable, ou par des mouvements d'inscription au chômage de personnes qui s'étaient retirées du marché du travail, faute d'espoir. Mais rien dans les chiffres détaillés de Pôle emploi ne vient l'attester. Reste une fâcheuse explication de l'inexplicable. Après avoir joué son rôle pendant la crise, notre système si protecteur d'assurance-chômage ne freine-t-il pas, en phase de reprise, le retour à l'activité ? Alors qu'il accumule des déficits, le Medef semble prêt à le reconduire presque en l'état. Cela mériterait pourtant qu'on s'interroge sur les raisons qui font que la France cumule taux de chômage et couverture chômage parmi les plus élevés d'Europe.

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