TOUT EST DIT

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mardi 25 janvier 2011

Le néoprotectionnisme en débat

Lasse d'accumuler des milliards de dollars de réserves de change, en grande partie réinvesties dans l'achat de la dette publique américaine - une dette dont la valeur est érodée par la création monétaire débridée de la Réserve fédérale -, la Chine veut désormais consacrer une part plus importante de ses ressources à l'acquisition d'entreprises occidentales. L'Europe s'en émeut, on commence à parler à Bruxelles d'un contrôle des investissements étrangers, et plusieurs pays, dont la France, plaident pour que l'Union « en finisse avec l'angélisme », selon les mots du ministre de l'Industrie, Eric Besson. Ce discours néoprotectionniste concerne l'ensemble des pays émergents, mais vise essentiellement la Chine. Il se fonde sur des arguments solides : absence de réciprocité (il est très difficile pour un investisseur étranger d'acquérir une entreprise chinoise), concurrence déloyale (les firmes de l'empire du Milieu ont accès à des financements qui sont souvent des subventions déguisées), risques de fuite de technologies (craintes ravivées par l'affaire d'espionnage industriel chez Renault).

Il existe cependant une autre raison, plus rarement invoquée, de cette méfiance à l'égard des investissements chinois. Quand une multinationale américaine rachète une entreprise européenne, on sait que ses objectifs et ses intérêts ne se confondent pas avec ceux du gouvernement des Etats-Unis. Et même quand des groupes indiens réalisent des acquisitions en Europe (Arcelor par Mittal, Jaguar et Land Rover par Tata), il est clair que leurs stratégies ne dépendent pas des visées politiques de New Delhi, ni de préoccupations d'intérêt national. On ne voit pas du même oeil les grandes entreprises chinoises : à cause de l'opacité de leur gouvernance, l'opinion les soupçonne, à tort ou à raison, d'être sous l'influence de Pékin ou, de façon plus diffuse, d'être les instruments d'un projet collectif de domination globale, politique autant qu'économique. Le pays où elles envisagent des acquisitions peut donc légitimement leur demander : pourquoi, et au nom de qui ?

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