TOUT EST DIT

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mardi 25 janvier 2011

Sarkozy et la presse: Opération séduction

Pas de dérapage lundi à l’Elysée. Le Président a contrôlé sa parole, adopté un ton mesuré, volontiers consensuel. Après la conférence de presse, il s’est longuement attardé avec les journalistes pour parler… culture. Retour sur une offensive de charme. 

Onze heures, Nicolas Sarkozy grimpe sur l’estrade installée dans la salle des fêtes de l’Elysée, comme on monte sur un ring. Face à lui ont pris place 350 journalistes (à sa gauche), 160 ambassadeurs (à sa droite) et une poignée de membres du gouvernement serrés le long du mur au fond de la salle. L’assistance se lève comme c’est l’usage à l’Elysée. "Merci à ceux qui se sont levés. Ce n’était pas obligatoire mais j’y suis sensible malgré tout!", commence le Président. Ce sera l’une de ses rares petites touches sarcastiques. La suite ne sera que modestie, contrition et ton très, très mesuré.
Contrairement aux deux conférences de presse précédentes, le chef de l’Etat n’a pas enfilé ses gants de boxe. C’est même la main de velours qu’il a choisie comme arme de conviction. Le temps de faire la paix avec les journalistes a sonné. A quinze mois de la présidentielle, Nicolas Sarkozy est en pleine opération de correction d’image. La présidence du G20 et G8 tombe à pic pour lancer la reconquête de médias qui le malmènent chaque semaine un peu plus. Quoi de mieux qu’une bonne vieille conférence de presse, dans le style gaullien, pour se "représidentialiser".

D’accord avec Laurent Joffrin

Les communicants ont soigné le décorum et minutieusement cadré l’exercice médiatique. Derrière son pupitre, Nicolas Sarkozy détaille pendant 25 minutes les ambitions de la France. Derrière lui s’étale le slogan de la présidence française: "Nouveau monde, nouvelles idées". Le tout accompagné d’un élégant logo: une tour Eiffel bleu blanc rouge. Le chef de l’Etat expose son ordre du jour point par point. Il prend soin d’associer ses homologues pour mieux montrer qu’il va jouer "collectif". Mais une fois n’est pas coutume, il ne promet pas la lune: "Tout ne se réglera en une présidence."



G20-G8 : Conférence de presse de M. Nicolas Sarkozy
envoyé par elysee. - L'info video en direct.

Arrive la première question. Elle porte sur la Tunisie. Le Président bute sur l’obstacle. "Si vous voulez bien, je répondrai d’abord sur le G20." Pas question de sortir des clous. Ni de prononcer une phrase qui fasse polémique. Habilement interrogé sur le second mandat de DSK à la tête du FMI, Sarkozy refuse de "personnaliser". "J’aurai un successeur, le directeur général du FMI aura un successeur", dit-il. Questionné sur le désarmement militaire, il répond que cela ne fait pas partie des objectifs du G20. Et le pessimisme des Français? Il s’en sort en tablant sur des "résultats concrets du G20". Sarkozy tient son fil et n’en décroche pas.
Et la Tunisie? Il esquisse un habile pas de côté en admettant que la France, "l’ancienne puissance coloniale" n’a peut être pas pris la mesure de la situation mais c’était au nom d’une "certaine réserve". Au passage, il excuse MAM et reprend à son compte l’analyse du journaliste de Libération Laurent Joffrin. .

Ne partage pas l’indignation de Hessel

Une heure et quarante minutes plus tard, le voilà qui redescend de son estrade. Ses communicants sont soulagés. Long, technique, parfois ennuyeux, souvent pédagogue, l’exercice est réussi. Même si les journalistes restent un peu sur leur faim.
Contrairement aux fois précédentes, Nicolas Sarkozy s’attarde au milieu des représentants des médias. Pendant trois quarts d’heure, il discute à bâtons rompus de… cinéma, littérature, télévision. On apprend qu’il a lu et aimé le dernier livre d’Alexandre Jardin (Des gens très biens), apprécié l’opus écrit par Rocard et Juppé dont il cite spontanément le titre (La politique telle qu’elle meurt de ne pas être). Et le petit livre de Stéphane Hessel qui fait un carton? "Ce n’est pas un livre que je conseille en premier. Les idées générales m’indignent", tacle-t-il. La polémique sur Céline? Fan de cet écrivain sulfureux, il se montre prudent: "Ce n’est pas bien dans le cadre des valeurs de la République de le célébrer. Mais Voyage au bout de la nuit est une œuvre formidable. Personnellement, je préfère D’un château l’autre."

Il n’ira pas voir La Conquête

Mais Sarkozy ne se contente de détailler ses nombreuses lectures, il énumère par le menu les films qu’il regarde le soir chez lui avec Carla. Toutes les séries télévisées y passent: West Wing (qu’il n’a pas aimé), 24 heures, Six feet under et Dexter ("j’adore"). Les réalisateurs Capra et Polanski n’ont plus de secret pour lui. Ainsi qu’Hitchcock dont il regardera, ce soir, sur Arte, Pas de printemps pour Marnie. "Mon préféré c’est La Corde", assure-t-il tel un connaisseur.
Au milieu des journalistes, le voilà intarissable. Mais c’est sur le cinéma italien qu’il est incollable. Il y a au moins un film qu’il n’ira pas voir. C’est La Conquête, ce film consacré à la campagne de Nicolas Sarkozy qui sortira en mai. "Je ne suis pas assez idiot pour aller voir un film sur moi!" Son égo a donc des limites. L’opération charme auprès des journalistes, elle, est sans limites. Un peu à la façon Mitterrand, il passera plus de trois quarts d’heure avec eux pour leur faire découvrir son univers culturel. Un journaliste l’interrompt: "Vous nous promettez de faire une conférence de presse sur la politique intérieur avant la fin de l’année?" Sarkozy: "Vous croyez que ça vaut la peine…"



La France « favorable à une taxe sur les transactions financières », déclare Sarkozy

Le chef de l'Etat a présenté lors d'une conférence de presse ses objectifs pour la présidence française des G8 et G20. Il rencontrera le président chinois Hu Jintao fin mars en Chine, à l'occasion d'un séminaire sur la réforme de l'ordre monétaire international.

Nicolas Sarkozy a fixé lundi les priorités de sa présidence des G20 et G8, dont la réforme du système monétaire international (SMI) avec une « taxe sur les transactions financières » et l'instauration d' « un socle de protection sociale universel », lors d'une conférence de presse à l'Elysée. Pour répondre aux réticences américaines, le chef de l'Etat a affirmé que Paris n'entendait pas, dans le cadre de la réforme du SMI, remettre en cause le « rôle éminent » du dollar ni instaurer un « contrôle des capitaux ». Il a par ailleurs précisé qu'il ne souhaitait pas « revenir à un système de changes fixes » tout en critiquant à nouveau « l'instabilité du non-système international monétaire » en vigueur « depuis 1971 » et la fin des accords de Bretton Woods d'après-guerre. A propos de la taxe sur les transactions financières, il s'agit, selon lui, de la « meilleure des formules » pour trouver « de nouvelles ressources pour le développement », même s'il a admis qu'elle avait à cette heure de « grands ennemis ». « La France considère que cette taxe est morale compte tenu de la crise financière que nous venons de traverser, utile pour dissuader la spéculation et efficace pour trouver de nouvelles ressources pour le développement », a dit Nicolas Sarkozy. Autre volonté de la France: « élargir » le rôle du FMI en modifiant « éventuellement » ses statuts. Principaux extraits :
Taxe sur les transactions financières. « La France est favorable à une taxe sur les transactions financières. », « la meilleure des formules », pour trouver « de nouvelles ressources pour le développement ». « La France considère que cette taxe est morale compte tenu de la crise financière que nous venons de traverser, utile pour dissuader la spéculation et efficace pour trouver de nouvelles ressources pour le développement ». « Je sais bien que cette taxe a de grands ennemis, de grands adversaires sur son chemin, nous essaierons de les convaincre ». « La France confiera une mission à une personnalité de la société civile pour trouver des solutions innovantes à la lisière entre le secteur privé et le secteur public ». « La France considère que la taxe sur les transactions financières est la meilleure, mais qu'elle ne peut épuiser à elle seule toute la question des financements innovants ». « Donc nous sommes prêts à discuter d'autres solutions même si cette taxe me semble être la meilleure des formules ».
Système monétaire international. La France ne veut pas remettre en cause le « rôle éminent » du dollar ni instaurer un « contrôle des capitaux » dans le cadre de la réforme du système monétaire international, dont elle a fait une priorité de sa présidence du G20. Le chef de l'Etat a assuré qu'il ne souhaitait pas « revenir à un système de changes fixes ». Il a à nouveau critiqué « l'instabilité du non système international monétaire » en vigueur « depuis 1971 ». « Dire qu'il y a un système monétaire, c'est déjà une grave erreur ». L' « ambition » de la France est « de converger avec nos partenaires sur des propositions concrètes ». « L'émergence de nouvelles puissances économiques conduira inéluctablement à l'émergence de nouvelles monnaies internationales ». Nicolas Sarkozy a plaidé pour une meilleure « coopération économique au service de la croissance ». « Nous allons essayer de mettre d'accord tout le monde sur les indicateurs qui permettront d'analyser les déséquilibres persistants ».
Code de conduite et réforme des statuts du FMI. « Nous proposerons au G20 d'élaborer un code de conduite en matière de gestion des flux de capitaux et, à terme, la conviction de la France, c'est qu'une réforme des statuts du FMI est souhaitable pour que prévalent des règles communes ». Il s'agit que le Fonds monétaire international « exerce sa surveillance dans ce domaine », a précisé Nicolas Sarkozy, expliquant que ce contrôle reposerait sur des « critères » qui définiraient les déséquilibres entre pays. Reconnaissant qu'il s'agissait d'une question « très difficile », le chef de l'Etat a expliqué que l'objectif était d'éviter que les pays émergents n'accumulent des réserves de changes excessives pour se prémunir des mouvements brutaux de capitaux. « Comment mieux réguler les flux de capitaux internationaux?, s'est-il interrogé, jugeant « le cadre dans lequel nous vivons dépassé » et prônant des « règles multilatérales ». « Evidemment, quand des pays se sont vu vider des capitaux en quelques jours, ils essaient de s'assurer contre ce risque en augmentant considérablement leurs réserves ». « Mais cette accumulation de réserves improductives pèse très lourd et c'est une stratégie coûteuse ».
Un séminaire avec Hu Jintao en mars. « J'aurai l'occasion de me rendre auprès du président Hu Jintao pour un premier séminaire sur la réforme de l'ordre monétaire international en Chine à la fin du mois de mars », a déclaré Nicolas Sarkozy Si le principe d'un tel séminaire était acquis, la rencontre entre les présidents français et chinois n'avait pas été confirmée jusqu'à présent. Observant que ce séminaire qui doit réunir responsables politiques et universitaires « n'avait pas été si facile à obtenir », le président français a toutefois enchaîné : « loin de moi l'idée de dire à la Chine ce qu'elle doit faire ». « La Chine est une grande nation, je me garderais de lui faire des recommandations sur sa politique monétaire », a-t-il insisté. Pour autant, a-t-il « observé », les « pressions inflationnistes qui apparaissent dans ce pays, comme la nécessité -heureuse-d'augmenter la demande intérieure en Chine, conduisent le gouvernement chinois à souhaiter une appréciation du yuan ».
Un groupe de travail avec l'Allemagne et le Mexique. « Je suis certain que nous ne règlerons pas tous les problèmes en une présidence. La France souhaite un débat car le débat ne peut plus attendre ». « Je vous annonce, en terme d'organisation, que j'ai proposé à Angela Merkel, qui l'a accepté, que l'Allemagne copréside avec le Mexique -qui assurera la présidence du G20 en 2012-un groupe de travail qui sera chargé du système monétaire international ».
« Un socle de protection sociale universel ». « La France souhaite que nous réfléchissions à la mise en place d'un socle de protection sociale universel ». « Pas un modèle social unique, cela n'a pas de sens, mais un socle ». Le chef de l'Etat a plaidé pour « donner davantage de poids à l'Organisation internationale du travail dans la gouvernance mondiale ». « La France ne se résigne pas à ce que les huit conventions de l'Organisation internationale du travail sur les droits fondamentaux du travail ne soient pas ratifiées par tous les membres du G20 ». Le chef de l'Etat a indiqué que les partenaires sociaux seraient « totalement associés aux travaux du G20 ». « Ils ont pour la première fois un sommet social à la veille du sommet du G20 », a-t-il dit.
Matières premières. « Si nous ne faisons rien sur la volatilité des prix de matières premières, nous risquons des émeutes de la faim dans les pays les plus pauvres, et par ailleurs un impact très défavorable sur la croissance mondiale ». « Nous voulons la régulation des marchés financiers sur les matières premières. (...) Il nous faut des règles communes ». Nous voulons « améliorer la transparence sur les marchés physiques ». « Pour donner la prévisibilité, il faut connaître les perspectives de production, de consommation et les stocks. Nous allons proposer la création d'une base de données commune comme celle dont nous disposons sur le pétrole afin de prévenir les crises alimentaires ». Nicolas Sarkozy a encore marqué son souci de « renforcer » le « dispositif de sécurité alimentaire » et de « développer l'offre agricole ». « Enfin, je souhaite que nous regardions comment mettre au service des pays les plus pauvres les nouveaux instruments financiers d'assurance pour se protéger des hausses de prix ou des évènements affectant les récoltes », a-t-il enchaîné, précisant avoir « confié sur ce point une mission à Pierre Jacquet, l'économiste en chef de l'agence française de développement » (AFD). « Dmitri Medvedev (...) a accepté de s'investir plus particulièrement, dans le cadre de la présidence française, sur ces sujets ».
Nicolas Sarkozy a également répondu à des questions ayant trait à l'actualité internationale  :
Tunisie. Paris n'a « pas pris la juste mesure » de la « désespérance », et de la « souffrance » de la population en Tunisie. Michèle Alliot-Marie a voulu « éviter qu'il y ait plus de drames » en Tunisie, a défendu Nicolas Sarkozy, même s'il a reconnu que ses propos contestés du 11 janvier ont pu prêter à « polémique ».
Terrorisme. « Face à la barbarie, face à la contestation si violente des valeurs qui sont les nôtres, il n'y a qu'une seule réponse possible, la fermeté et le courage ». « A chaque fois qu'un Français est assassiné par des terroristes, la détermination de la France à lutter contre le terrorisme s'en trouve encore renforcée ». « Le terrorisme méprise la vie humaine, assassine des innocents, tue ceux qui ont pris des risques pour soulager la misère, pour soigner, pour éduquer, pour contribuer au développement des régions économiques les plus pauvres ».
Côte d'Ivoire. « Pour la France les choses sont claires: la Côte d'Ivoire a un seul gouvernement légal et légitime, un seul ». « Celui que le peuple ivoirien s'est choisi et qui est reconnu par les Nations unies et par toutes les organisations africaines », a déclaré Nicolas Sarkozy en référence au gouvernement d'Alassane Outtara, proclamé vainqueur de l'élection présidentielle de novembre par la commission électorale ivoirienne selon des résultats certifiés par l'ONU.
 

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