Au lendemain de l'attentat qui a fait 35 morts à l'aéroport de Moscou-Domodedovo, le président russe, Dmitri Medvedev, a rappelé avec force que le terrorisme "reste la menace la plus sérieuse" dans le pays et que les responsables de cette attaque doivent être "liquidés".
Pour étayer cette thèse, les autorités russes rappellent que deux femmes kamikazes originaires du Caucase du Nord s'étaient déjà fait exploser à bord d'un avion, peu après son décollage de l'aéroport de Domodedovo en 2004, faisant 90 morts. La dernière attaque terroriste d'ampleur à Moscou, un double attentat-suicide dans le métro en mars 2010 (40 morts) avait également été revendiquée par l'"émirat du Caucase", un mouvement qui rassemble tant bien que mal depuis 2007 les factions islamistes des différents territoires caucasiens (Tchétchénie, Ingouchie, Daghestan, Kabardino-Balkarie). Son chef, Dokou Oumarov, avait promis en 2009 que la guerre que les Russes voyaient à la télévision allait "revenir dans leurs maisons".
"MAQUIS RÉGIONAL"
Pour Aude Merlin, chercheuse au Centre d'étude de la vie politique et auteure de Ordres et désordres dans le Caucase, il est encore trop tôt pour accréditer cette thèse. "En l'absence de revendication, de toute information fiable et d'enquête approfondie, la prudence absolue s'impose, estime-t-elle. Même si, en terme de tendance, cela pourrait s'inscrire dans une histoire d'actes terroristes, dont certains ont été revendiqués par le maquis nord-caucasien."
Interrogé par l'AFP, Alexeï Malachenko, spécialiste du Caucase au centre Carnegie, pense que ce type d'attentat est voué à se répéter sur le territoire russe, malgré les promesses et la rhétorique musclée des autorités russes. "Tout cela va continuer, explique-t-il. La crise sociale dans le Caucase du Nord et le fossé qui sépare la société des autorités, multiplié par le facteur religieux, sont les sources du terrorisme. La religion n'est pas à la base de ce phénomène, mais elle joue un rôle de stimulateur".
Entre la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) et la seconde à partir de 1999, les rebelles qui s'opposaient à l'armée russe sont passés d'un indépendantisme nationaliste à une inspiration beaucoup plus religieuse. "Le maquis qui existe actuellement dans les montagnes de Tchétchénie s'aligne désormais uniquement sur la phraséologie islamiste. Jusqu'en 2005, il existait encore une résistance tchétchène globalement plus laïque et dans une optique nationaliste", souligne Aude Merlin.
"PAS UNE SEMAINE SANS QU'IL N'Y AIT UNE ATTAQUE"
Moscou : 35 morts et près de 200 blessés
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Aux petites unités combattantes composées de quelques dizaines d'hommes au Daghestan ou en Ingouchie est venue s'ajouter "une coordination qui les dépasse sur le plan transversal" et une "'organisation plus ou moins coordonnée d'un maquis au niveau régional", pointe Aude Merlin. C'est ce "maquis régional" qui est dans le viseur de Moscou, après avoir revendiqué ou été accusé d'une grande partie des attentats qui ont eu lieu en Russie ces dix dernières années.
Luc Vinogradoff
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