TOUT EST DIT

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mardi 25 janvier 2011

Fin du rêve


Le lancement de la présidence française des G20 et G8 a été parasité par la crise tunisienne. Lors de sa conférence de presse, hier, Nicolas Sarkozy a longuement dû s’expliquer sur la bourde de Michèle Alliot-Marie, sa ministre des Affaires étrangères, qui avait proposé, peu avant la fuite de Ben Ali, le « savoir-faire » français en matière de maintien de l’ordre aux autorités tunisiennes. Dossier brûlant qui vaut au gouvernement français une volée de bois vert exagérée. Certes, Paris n’a pas été clairvoyant dans la crise tunisienne. L’ancienne puissance coloniale qu’est la France a gardé des liens « par le haut » avec le pouvoir en place, négligeant les souffrances de la population. Quant à Michèle Alliot-Marie, elle n’a visiblement pas pris la dimension du Quai d’Orsay, réagissant comme une ancienne ministre de l’Intérieur et non en chef de la diplomatie. Pour une professionnelle de la politique qui collectionne les ministères régaliens, c’est une faute.


D’ici à demander la démission de la ministre, il y un pas... à ne pas franchir. Tous les gouvernements français, de droite et de gauche, ont fermé les yeux sur la dictature de Ben Ali, parce qu’ils privilégiaient la lutte contre l’islamisme à toute autre considération. Surtout, il ne faut pas surévaluer l’influence de la France dans le monde : ce sont les Tunisiens qui ont renversé le dictateur, pas les donneurs de leçons parisiens. Réduire le changement en cours à Tunis, avec ses espoirs et ses difficultés, à une polémique franco-française est affligeant. Nicolas Sarkozy a trouvé le ton juste sur ce dossier, en esquissant une autocritique tout en réclamant une « certaine réserve » vis-à-vis d’un peuple indépendant.


A priori, la Tunisie n’a rien à voir avec les G20 et G8 et pourtant, il y a matière à tirer des leçons utiles de ce dossier, notamment sur les marges limitées des grandes puissances occidentales – dont la France. Les peuples s’émancipent ; les pays émergents refusent de payer les pots cassés par les vieilles nations industrielles au moment où ils « rattrapent » l’Ouest ; Chinois, Brésiliens et Indiens veulent avoir leur mot à dire. En insistant sur « l’humilité » de la présidence française, Nicolas Sarkozy tient compte de cette nouvelle donne. Après la crise de 2008, il rêvait tout haut d’une « révolution financière » mondiale. Il s’aperçoit aujourd’hui que cette révolution ne se décrète pas.

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