dimanche 11 septembre 2011
11 Septembre, trop impensable pour s'y préparer
La force des terroristes, jusqu'aux attentats, c'est d'avoir un avion d'avance sur ceux qui cherchent à les empêcher de nuire.
Le 6 septembre 2001, cinq jours avant l'attentat du World Trade Center, George Bush, à bord d'Air Force One, l'avion présidentiel qui le ramène de ses vacances au Texas, consulte une note de la CIA. Son titre : "Ben Laden décidé à frapper les États-Unis". Il ne s'en inquiète pourtant pas plus que cela. Périodiquement, il a vu arriver sur son bureau des avertissements de ce genre, plus ou moins alarmistes, plus ou moins précis.
Depuis qu'en 1993 un commando islamiste a fait sauter une voiture piégée dans un parking du World Trade Center, l'Amérique est pourtant en état de vigilance extrême. Mais, au fond d'eux-mêmes, les responsables politiques n'arrivent pas à imaginer que cet ennemi invisible qu'est le terrorisme s'attaquera au sol américain. La preuve en est que l'état d'alerte du pays est à l'époque notoirement insuffisant, et les mesures de contrôle, alors confiées aux compagnies aériennes dans les aéroports, bien trop laxistes.
"Il y avait tellement de failles dans nos contrôles, reconnaît par exemple Mary Schiavo, qui était alors l'une des principales responsables de la sécurité des transports américains. Les terroristes n'avaient pas un risque sur deux de se faire prendre." D'ailleurs, même si certains des dix-neuf membres des quatre commandos ont fait sonner le détecteur de métaux le 11 septembre, aucun d'entre eux n'a été retenu plus que quelques minutes au filtre de sécurité.
En fait, le problème de notre fragilité face au terrorisme vient du fait que nous avons toujours un train - ou un avion - de retard. Nous n'avons cessé de répondre aux attaques en inventant des parades, mais jamais nous n'avons anticipé pour nous protéger. Exemples :
- Si aujourd'hui quand vous prenez l'avion, les agents de sécurité saisissent les ciseaux ou les limes à ongles de votre trousse de toilette, c'est justement parce que le 11 septembre, tous les membres des commandos postés dans les trois aéroports - Boston, Washington, Newark - ont pu monter à bord des avions qu'ils allaient détourner en dissimulant sans difficulté, au passage des portiques, les cutters dont ils feront un sanglant usage pour maîtriser les membres des équipages.
- Si vous êtes agacé parce qu'il vous est demandé de retirer vos chaussures avant de passer au détecteur, c'est parce que, le 22 décembre 2001, le Jamaïcain Richard Reid a failli faire sauter le vol American Airlines 63 qui reliait Paris et Miami, grâce à des explosifs dissimulés dans la double semelle de ses baskets. Les détecteurs de métal sont inopérants jusqu'à un centimètre au-dessus du sol.
- Et si on vous confisque la bouteille d'eau de toilette ou même le pot de confiture que vous vouliez ramener de voyage, c'est parce qu'en décembre 1994 Ramzi Yousef, membre d'al-Qaida, a fait exploser une bombe liquide à base de nitroglycérine dissimulée dans un flacon de produit pour lentilles de contact à bord d'un 747 à destination du Japon. Par chance, là aussi l'engin n'était pas placé à un endroit trop vulnérable pour l'avion et le commandant du vol 434 des Philippine Airlines a réussi à poser son appareil en catastrophe à Okinawa.
Sans même parler du scanner intégral, d'ailleurs pas vraiment au point, qui explore de façon intrusive votre intimité dans sa totalité, toutes ces mesures de prévention ont certes largement contribué à la diminution spectaculaire du nombre d'actes de terrorisme au moins dans les aéroports.
La seule victoire de Ben Laden, ce n'est pas d'avoir tué 3 000 innocents il y a dix ans, à New York, c'est de nous avoir obligés à modifier nos habitudes, de nous avoir imposé des contraintes souvent agaçantes ou dérangeantes dans nos voyages, c'est au fond de nous avoir condamnés à changer quelque peu notre vie.
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