TOUT EST DIT

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mardi 30 novembre 2010

2012 sous l'oeil des marchés

l'encre du plan d'aide à l'Irlande était à peine sèche que la Commission de Bruxelles a émis hier, avec ce sens de l'à-propos qu'on lui connaît, des doutes sur la trajectoire de baisse des déficits publics de plusieurs Etats dont la France. Il n'en fallait pas plus pour que resurgisse le spectre d'une contagion à l'Hexagone de la crise de la dette souveraine. Si la théorie des dominos est agréable aux marchands de malheur, elle a aussi peu de chances de s'appliquer aux systèmes financiers de l'Europe de 2010 qu'aux régimes politiques du Vieux Continent des années 1950.

La France peut jouer à se faire peur, elle ne se situe pas, à présent, sur la ligne de course des dominos grec et irlandais, et, demain peut-être, portugais et espagnol. Ceux-ci ne tombent pas sous le seul poids de déficits publics ou d'endettements parfois de même ordre, parfois inférieurs aux nôtres. Ils plient avec l'effondrement de modèles de croissance bancals, appuyés ici sur une bulle immobilière, là sur une hypertrophie bancaire. Ils cèdent, victimes de compétitivités usées depuis trop longtemps.

Les ressorts de la croissance française ne sont peut-être pas aussi vaillants qu'on le souhaiterait, mais aucun n'a cassé, et ils restent plus nombreux, plus divers que chez la plupart des membres de la zone euro. C'est bien cette relative sécurité économique qui, au lieu de détourner les investisseurs internationaux du papier français, les en rend toujours aussi friands et à des conditions que seuls l'Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande ne nous envient pas. Aussi, loin de refroidir nos créanciers, les malheurs des Etats malades de la zone euro pourraient amplifier cette fuite vers la qualité. C'est, d'un strict point de vue français, la première vertu de cette crise irlandaise. Pour que cet avantage demeure, il faudra un suivi scrupuleux du sentier de réduction des déficits.

L'extension du domaine de la menace souveraine a, pour nous, une deuxième vertu : celle de rappeler à l'opinion publique que la rigueur française n'est pas un choix politique relatif mais bien une contrainte économique absolue. Que la réforme des retraites n'était pas un luxe, mais une nécessité. Exercée sur le Portugal et l'Espagne, après avoir soumis l'Irlande et la Grèce, la pression durable des marchés vient nous montrer combien, dans cette extrême tension, un faux pas, un seul, suffirait à faire d'une situation française un problème français. Voilà qui donne raison au chef de l'Etat d'avoir renoncé au rêve périlleux de « rigueur tranquille ». Voilà, déjà, prévenus les futurs candidats à la présidentielle de 2012 : leurs promesses seront placées sous l'oeil intransigeant de nos créanciers. La dette aliène la démocratie.

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