lundi 31 janvier 2011
Un barbu rentrant d’exil
Il est arrivé hier à l’aéroport de Tunis, où l’attendaient ses supporters enthousiastes. Sa seule déclaration, bras tendus vers le ciel, fut un vibrant “Allah Akbar !”. Dieu est grand, et le monde si petit. Après vingt ans d’un retrait forcé à Londres, Rached Ghannouchi regagne sa terre natale. Condamné à perpétuité par le président Ben Ali, il ne risque plus rien désormais. Le fondateur du parti islamiste “Ennahda” profite de la liberté retrouvée.
À 69 ans, l’homme se veut ouvert, généreux. Un barbu rentrant d’exil n’apporte pas forcément l’Inquisition dans ses bagages. Certes, jadis, au fil de prêches enflammés, celui-ci prônait la destruction des “légions d’Israël”. Et surtout, sans charrier, l’avènement de la “charia”. L’application de la loi coranique, à ses yeux, allait purifier une société pervertie par les mœurs occidentales. Proche des Frères musulmans égyptiens, il tenait alors l’antique religion pour une politique moderne.
Mais que les femmes et les laïcs de Tunisie se rassurent. Le vieux leader a changé d’opinion, se montre modéré jusqu’au bout des ongles. Converti à la démocratie, il prie pour les élections et la tolérance. Doux comme un agneau, le cheikh !
Nombre de ses compatriotes, pourtant, ne le croient qu’à moitié. Ils appellent à une vigilance accrue “contre la tentation de l’obscurantisme”. Après tout, quittant Neauphle-le-Château, Khomeiny aussi inspirait confiance. Puis, installé à Téhéran, on l’a vu agir en ayatollah…
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