TOUT EST DIT

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lundi 31 janvier 2011

L’armée, dernier rempart

Hosni Moubarak est devenu insupportable au peuple égyptien. Il devrait l’être aussi aux Occidentaux, qui ne perdent pas une occasion de vanter la démocratie et les droits de l’Homme, deux notions mises à mal depuis des décennies en Égypte. Les Américains et les Anglais ont envahi l’Irak pour « libérer » le pays d’un dictateur qui avait beaucoup de points communs avec Moubarak… sauf un, essentiel : Saddam Hussein n’était plus un allié.

Moubarak, lui, a docilement appliqué depuis son arrivée au pouvoir, en 1981, la politique prônée à Washington, parachevant, bien avant la chute du mur de Berlin, le renversement d’alliances effectué par Sadate. Il a été récompensé par des subventions généreuses. Aujourd’hui, il est devenu encombrant. Mais comment le lâcher sans ouvrir la voie à l’islamisme et sans détruire le fragile équilibre qui maintient, bon an mal an, un semblant de calme au Proche-Orient ? C’est toute la question.

Les Américains rêvent d’une transition « douce », dans laquelle le départ de Moubarak s’accompagnerait de la fin des violences, sans remise en cause fondamentale du régime, ou du moins, de sa politique étrangère. Les Égyptiens ne sont visiblement pas d’accord : ils exigent, comme les Tunisiens, le départ de tous les hommes en place. C’est risqué sur le plan intérieur, car les Frères musulmans intégristes sont la force la mieux organisée du pays. C’est encore plus risqué sur le plan extérieur. Washington et Tel Aviv ne peuvent pas tolérer que Le Caire bascule dans le camp de l’Iran.

Contrairement à la révolution tunisienne, le mouvement égyptien dispose d’un porte-parole reconnu sur le plan international. Mohamed ElBaradei est l’ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, détenteur, à ce titre, du Prix Nobel de la Paix. Pour les Occidentaux, ce serait un nouveau « raïs » très présentable.

ElBaradei a promis hier une « ère nouvelle ». On n’en est pas encore là. En nommant vice-président et Premier ministre deux hauts gradés militaires, Moubarak a mis son sort et celui de l’Égypte entre les mains de l’armée : c’est vers elle que se tournent les regards. En Tunisie, elle a joué un rôle primordial dans la chute de Ben Ali. En Égypte, elle est le dernier rempart du régime. Si ce rempart cède, ce sera l’inconnu.

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