TOUT EST DIT

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lundi 31 janvier 2011

Les mots de l'euthanasie

Une fois de plus, le Parlement a engagé de travers un débat sur l'euthanasie. Il n'est pas étonnant qu'il ait tourné court devant le Sénat.

On constate combien il est difficile d'engager un débat objectif et serein lorsque partisans et adversaires de cette pratique vivent leur combat comme une guerre de religion. Le mot « religion » n'est pas là par hasard. Pendant fort longtemps, les partisans de l'euthanasie ont désigné l'Eglise comme principal obstacle à la liberté de chacun de choisir le moment de sa mort. C'était la mort laïque contre la mort religieuse. Compte tenu du recul de l'influence catholique, les proeuthanasie désignent davantage aujourd'hui le pouvoir médical comme privant le citoyen de sa liberté de choix. Ils se prévalent de sondages donnant une large majorité de Français favorables à une légalisation de l'euthanasie. Mais la question n'est jamais bien posée.

L'analyse attentive de toutes les enquêtes d'opinion montre que ce qui est redouté par chacun d'entre nous, c'est une fin de vie longue et douloureuse alors que tout espoir médical s'est évanoui. Mais l'opinion publique et les médecins sont encore mal informés de ce que la loi du 22 avril 2005 sur les soins palliatifs apporte une réponse presque toujours adéquate à cette situation. Le problème n'est plus juridique ; il reste un déficit de moyens techniques et de formation des équipes soignantes. Sortant de leur guerre de religion, partisans et adversaires de l'euthanasie pourraient reconnaître que, sur le principe, l'essentiel du sujet est désormais réglé.

Certains cas cependant (quelques dizaines par an sans doute) ne sont pas résolus par cette voie. C'est la situation, dont le jeune Vincent Humbert est resté le dramatique symbole, de personnes atteintes de très graves affections irréversibles mais qui ne sont pas pour autant en phase terminale. Faut-il légiférer sur ces situations ou faut-il laisser le colloque intime entre familles et médecins les prendre en charge avec la forme de bienveillance la mieux adaptée à chaque cas ? Telle est la seule vraie question qui demeure.

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